À BIENTÔT, J'ESPÈRE

L'information officielle travaillait à plein pour faire peu de cas d'une grève à la Rhodiaceta de Besançon, pourtant la première occupation d'usine par des ouvriers depuis 1936. Berchoud, Cèbe et les autres du Centre culturel populaire de Palente-les-Orchamps (CCPPO) eurent l'idée d'appeler Chris Marker pour qu'il vienne se rendre compte de la détresse, de l'isolement, de la détermination aussi, de ceux de la Rhodia revendiquant des conditions de travail plus humaines et, même, un droit à la culture !" (Jacques Loiseleux dans la revue "L'image, le monde").

En complément, "La Charnière" [son seul - 1968 - extrait de 12'24] : "un film sans images, juste une bande-son captée un soir d'avril 1968, écho d'un débat intense après la projection de "À bientôt j'espère". Ce son-là, c'est le feu aux poudres. Juste un son mais un son juste..." (B. Benoliel, "L'image, le monde"). Les ouvriers ne se reconnaissent pas dans le film de Marker, Marker les pousse à faire des films, LEURS films ! Un ouvrier : "Je pense que le réalisateur, c'est un incapable. Et je pense plutôt, et je le dis crûment aussi, qu'il y a simplement une exploitation des travailleurs de Rhodia par des gens qui, paraît-il, luttent contre le capitalisme !" (...) Chris Marker : "Nous, on sera toujours au mieux des explorateurs bien intentionnés, plus ou moins sympathiques mais de l'extérieur et que, de même que pour sa libération, la représentation et l'expression du cinéma de la classe ouvrière sera son oeuvre elle-même. Et c'est quand les ouvriers auront entre les mains les appareils audiovisuels qu'ils nous montreront à nous les films sur la classe ouvrière, et sur ce que c'est qu'une grève, et l'intérieur d'une usine".