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ANTIMATIÈRE

Jérémie KISLING

Samarcande (Recherche de disponbilité en cours...)
Écouter les extraits

Dès sa première réalisation (le joliment intitulé Monsieur Obsolète de 2003), Jérémie Kisling est salué ici, ou chez lui (la Suisse romande) comme un auteur au sens noble du terme. Deux années plus tard, l'énigmatique Le Ours lui permet de creuser un sillon original, qui l'entraîne jusqu'à une reconnaissance canadienne. En effet boule de neige, il est invité à ouvrir les concerts pour le compte de talents aussi divers que Bénabar, Julien Clerc, ou la première Dame de France, et est appelé, pour une composition à quatre mains, au côté d'Hubert-Félix Thiéfaine qui, en ermite franc-comtois, n'en décèle pas moins l'inventivité là où elle se trouve. Aujourd'hui, c'est d'un regard bleu-gris de piscine que le petit suisse jette un regard sur son troisième album, et sur le chaland qui se laissera séduire par un univers modeste, en clair-obscur, et atmosphères brouillardeuses. Puisqu'il faut bien des étiquettes, on avancera du bout des lèvres qu'Antimatière est un album de variété, la pire des dénominations pour un art qui se veut léger, mais pas évanescent, populaire, mais pas putassier. Pourtant, tous les indices nous attirent vers un ailleurs plus complexe : le producteur Ian Caple a auparavant oeuvré derrière Alain Bashung, Tindersticks ou Tricky, ce qui garantit une mise en harmonie plusproche de la marge que des grands courants oecuméniques. Quelques amis passent, eux aussi peu confortables dans la vulgarité des mouvements de masse (Raphaël Noir et son orgue inventif, John Tonks batteur de Neneh Cherry, ou Terry Edwards, dont on a pu croiser le saxophone en compagnie de Madness). Mieux encore : un duo (« Nouvel horizon ») offre une rencontre naturellement évidente avec un pendant féminin, mais tout aussi délicieusement décalé, en la personne d'Emily Loizeau. Toute cette fine équipe adhère avec conviction à l'univers si particulier de Kisling, monde de retenue (la chanson-titre), ou de tendresse absolue (« Ton papa »), de jeux de mots tendres et virtuoses (« Le Bec dans l'eau »), et de digne détresse (« J'Ai mal »). Et lorsque le natif de Lausanne s'attaque à un standard d'Il Était Une Fois (« Rien qu'un ciel ») on craint le pire, mais à tort : un piano bastringue et un chant qui n'est pas sans rappeler le premier degré, et la sophistication en quadrichromie, d'un Philippe Katerine, nous entraînent au pays de la nostalgie mélancolie avec légèreté et distinction. On évoque au sujet de Jérémie Kisling de savants concepts tels rétro-pop, ou légèreté bossa-novaesque décalée : on a raison. Comme on aura raison de parler de tendresse, de talent original, d'inspiration modeste, ou d'humble décharnement poétique. Mais toutes ces appellations ne constitueront qu'un pis-aller dialectique face à ce que nous offre le bonhomme chanteur : le plaisir distillé par un artiste, qui déroule ses refrains parce qu'il ne sait rien faire d'autre, ce qui allume des lumignons multicolores dans nos existences. (Christian Larrède sur www.music-story.com)

  • Ref. : NK3578
  • NOTE A BENE, prod. 2010, enr. 2010.
  • Disponible en disques compacts.
Samarcande (Recherche de disponbilité en cours...)

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