FENÊTRE OVALE

La "fenêtre ovale" est la membrane qui constitue la limite entre l'oreille moyenne et l'oreille interne. Lieu précis de la transition entre l'acoustique et le psycho acoustique, entre la nature physique de l'onde sonore et sa perception subjective, nous y voyons la frontière entre la mécanique et l'imaginaire. Car il faut être deux pour fabriquer un son : le musicien qui le produit dans un geste artisanal et l'auditeur qui en soigne la finition avec ses rêves et ses images.

"Fenêtre Ovale" est le fruit d'une collaboration entre un compositeur et un duo d'improvisateurs. Singulier attelage. Pas tant, d'ailleurs, pour le paradoxe apparent d'une telle hybridation : cette musique est en définitive très minutieusement écrite. Si cette collaboration est singulière, c'est surtout parce qu'Eve Risser et Joris Rühl formaient déjà, en amont du projet, un duo doté d'une identité musicale construite de longue date sur des réflexes d'interactions et un travail sonore commun.

Introduire la confusion des sources, suggérer différents espaces acoustiques, évoquer le son d'une machine à tricoter ou d'une bande d'arrêt d'urgence, faire passer un frottement pour un souffle et un souffle pour un grincement, telles sont les envies qui ont stimulé la recherche collective. Il a donc fallu que le piano à queue devienne un instrument à vent et que la clarinette devienne un instrument aqueux ; que la pianiste joue des percussions sur une flûte et que le clarinettiste fasse de la flûte de pan dans un orgue à bouche... d'inventions en découvertes, de surprises en déconvenues, l'histoire de ce projet est aussi liée à cette quête alchimique, dérisoire et palpitante, de nouvelles sonorités. [notes de couverture]