GULLIVER

"Quatre ans ! Quatre ans que nous attendions qu'une nouvelle note du Condor Gruppe résonne à nouveau à nos oreilles. Une attente que l'on ponctuait d'un souhait : surtout, ne changez rien ! Donnez-nous une suite logique à l'interstellaire « Interplanetary Travels » (notre album de l'année 2018). Alléluia ! Voeu exaucé, nous l'avions déjà compris en assistant au release concert que le Gruppe nous avait offert à la Roma, dans sa ville, à Anvers.

D'emblée (« What Could Have Been »), le nonet pose un décor comme ceux que Morricone aimait créer pour les besoins d'un duel entre pistoleros... Lentement. Puis, lorsque la rythmique (le convoi) se met en branle, nous redressons instinctivement la tête, regardons au loin et marchons d'un pas assuré, le torse bombé. C'est l'effet que produit sur nous la musique hautement cinématographique du Condor. Le torse bombé ? Bombay ! Quand le sitar se présente au rendez-vous (« Inside Out », « Galata »), que le spaghetti prend alors un goût de curcuma... On adore !

Trois guitares, des claviers, l'introduction d'un handpan dans les percussions sur trois titres, une section rythmique imperturbable, un sitar, une section de cuivres (avec l'impressionnante Hanne De Backer au baryton) ... Sans que l'on sache vraiment comment ce miracle puisse se produire, le Condor Gruppe nous régale, sans jamais verser dans la confusion. Tout est équilibré, net, mélodique. Une attention particulière est apportée au son et à la mélodie... C'est là que réside la force du Condor, comme celle de leurs cousins bruxellois de Yôkaï(...)"

Chronique de Yves Tassin pour Jazzmania.be