I'M TOTALLY FINE WITH DON'T GIVE A FUCK ANYMORE

Second album d'Arab Strap paru depuis sa reformation en 2016 (après un hiatus de presque 10 ans à l‘issue une première existence de même durée couronné de 6 disques) et une première plaque, As Days Get Dark, sortie discrètement à la fin du confinement en 2021. Sans trop modifier la formule élaborée par le binôme écossais Aidan Moffat/Malcolm Middleton, à savoir, un rock crépusculaire et plutôt lancinant, où le chant flirte avec le parler (et inversement !), sans que l'on ne puisse jamais les confondre avec du spoken word. Des textes pas plus joyeux qu'un lundi pluvieux de novembre, écrits à l'encre d'un quotidien frustre et désabusé (« houellebecquien » aurait-on écrit il y a quelques années) et une instrumentation assez finement foisonnante dans son apparent dénuement. Et l'affaire commence bien avec un «Allatonceness » massif et sa basse bien crade qui cèdent la place à une boite à rythmes et des synthés froids comme le mépris sur « Bliss ». Les relations (in)humaines - LA grande thématique des insulaires est passée au crible de l'omniprésence des réseaux (a)sociaux. Le suivant, « Summer Season » constitue un heureux contrepoint synthétique à la rudesse électrique du précédent. La suite se partage entre le convaincant (le très rythmique « Sociometer Blues », l'acéré « Strawberry Moon » ou le « presque » guilleret « Haven't You Heard » ...) et le plus hésitant (le lacrymal et hors-sujet « You're Out Here », « Safe & Well » et ses violonnades un peu puériles). Il y a parfois du bien à se faire (un peu) du(e) mal. (YH)