JACQUES TOURNEUR (INTERVIEW)

"Le succès de n'importe qui au cinéma sera directement basé sur son Amour du cinéma. N'importe qui - un acteur, un metteur-en-scène, un écrivain - qui a un amour brûlant pour le cinéma, une vraie nécessité, on ne pourra pas l'en empêcher. Il arrivera": ainsi s'exprime le réalisateur franco-américain de Cat People [La féline], I Walked with a Zombie [Vaudou] et Leopard Man [L'homme léopard] au début de cette interview enregistrée chez lui à Bergerac en Dordogne, en mai 1977, sept mois avant sa disparition.

En une petite demi-heure, avec humilité, une douce ironie et un bizarre petit accent d'expatrié revenu au pays, celui qui était encore à l'époque "un des grands oubliés du cinéma américain" (quelques vingt-cinq années plus tard, Tourneur est reconnu comme un des pères de la modernité cinématographique, ses chefs d'oeuvres sortent en DVD et la rétrospective intégrale de son oeuvre a attiré des milliers de spectateurs à Beaubourg en décembre 2003) évoque sa biographie et, surtout, une série de croyances fortes qui ont irrigué tout son travail de raconteur d'histoires et d'artisan du cinéma. Un cinéma de la suggestion et de l'enchantement, basé sur les contrastes, "une charpente faite de points hauts et de points bas, puis lents, puis tristes... ", un souci ultra-méticuleux de la lumière et des ombres, la recherche d'acteurs non-cabottins... Une leçon de cinéma!