LA FILLE AUX CHEVEUX DE LIN 1934-1935

Suzy Solidor (1900-1983) chante sous le signe de la dualité. Femme à la beauté consacrée, elle pousse sa voix vers le grave, orientant ses accents vers un je ne sais quoi de viril. D'un milieu modeste, elle a été propulsée coqueluche parisienne. Elle chante les bouges, les filles à matelots, mais jamais avec la crudité des chanteuses réalistes. Si elle chante la mer, c'est celle des chansonniers ou des littérateurs. Elle est une des chanteuses à avoir le mieux chanté les rythmes exotiques. Puis il y a l'amour, un amour équivoque, un jeu savant de miroirs et d'identifications qui annoncent les chanteuses corsetées des années 50. Solidor qui a tant inspiré les peintres n'incarne pas un personnage: elle le peint, à touches tour à tour voluptueuses ou brutales. (Extrait du texte de la pochette