LE DISGRAZIE D'AMORE

Tour à tour chanteur virtuose, imprésario et compositeur, le moine franciscain Antonio Cesti, figure marquante du XVII° siècle, a partagé sa carrière entre Venise, Rome, Vienne et Innsbruck. Outre de nombreuses cantates et motets, on lui doit quelques drames lyriques qui ne connurent que rarement les honneurs du disque. L'entreprise de Carlo Ipata mérite donc toute notre attention, d'autant que l'interprétation est séduisante. L'orchestre qu'il dirige avec la précision et le soin qu'on lui connaît se compose d'une bande de violons, d'un consort de violes et d'un continuo très étoffé. Les voix solistes, particulièrement les voix féminines, souples et agiles, sont plaisantes. Les ballets manquants évoqués par le livret ont été remplacés par des balletti pour clavecin de Schmelzer arrangés à cinq parties. Créé à Vienne en 1667," Le disgrazie d'Amor" se démarque des opéras vénitiens. C'est un drame moral composé pour la très catholique cour viennoise sur un livret de Francesco Sbarra. On y dénonce avec humour (nombreux personnages allégoriques) les travers de l'amour charnel au profit d'une apologie de la morale chrétienne.