LES VEPRES SICILIENNES

Pour comprendre à leur juste valeur ces Vêpres siciliennes dirigées par Antonio Pappano et apprécier la mise en scène qu'en a faite Stefan Hermein, il ne faut pas perdre de vue le contexte dans lequel l'oeuvre a été créée le 13 juin 1855 à l'Académie impériale de musique - le future Opéra de Paris - de Paris. Et d'abord rappeler que, même s'il fut considéré comme un des plus grands compositeurs italiens, Giuseppe verdi (1812-1901) était français à sa naissance puisque Napoléon avait annexé la région où il est né. Il ne se disait ni musicien ni compositeur, mais se voulait " homme de théâtre " et partageait avec Degas (le prologue campe l'atmosphère d'un tableau du peintre représentant la salle de répétition de l'Opéra) l'idée qu'il fallait inventer le vrai et non le copier : la vérité artistique relevait d'une construction artificielle.

Si c'est bien sur le terrain de l'histoire, avec en toile de fond le soulèvement de la Sicile contre l'occupant français en 1282, que les Vêpres de Verdi se déroulent, le compositeur n'hésite pas à prendre des libertés avec le récit historique, entremêlant sphères publique et privée par l'entremise de personnages fictifs. L'oeuvre a été écrite en français, d'après un livret d'Eugène Scribe et Charles Duveyrier qui évoquait le combat pour la liberté mené aux Pays-Bas contre la tyrannie du duc d'Albe et lorsqu'elle fut jouée en Italie, Scribe transposa l'intrigue dans la Lisbonne du XVIIe siècle en raison de la censure.