MIND IS MUD

Pour ce second disque (après Bad Woman en 2018) la compositrice bruxelloise Céline Gillain ajoute à sa palette une dose de confusion. En partie attribuable à la période de pandémie qui sépare les deux albums, cette confusion est aussi un processus conscient, une nouvelle étape dans l'exploration de la complexité du monde et de ce qui l'habite. Les textes précédents avaient déjà examiné et mis à l'épreuve plusieurs formes, le texte-comme-slogan, la grimace ironique, la confession sincère et complète, etc. Tout en conservant ici leur urgence de protest-songs, ils se calent sur le modus-operandi de la musique et émergent en cut-ups, en collages, en conflagrations déconcertantes de voix et de discours différents. Assemblés, superposés, agglutinés, les sons comme les mots utilisés proviennent de sources volontairement prosaïques ou triviales, télévision, réseaux sociaux, cinéma. La voix de la chanteuse elle-même, dernier marqueur d'individualité, est multiple elle-aussi, étagée en choeurs électroniques ou explosés en fragments dispersés. En ligne avec cette confusion assumée, le disque refuse de choisir sa place ou de désigner sa fonction, et les signaux qu'il lance sont délibérément contradictoires. (BD)