PARIS AMOUR

Il ne serait pas étonnant que Keren Ann ait écouté l'intégrale de Françoise Hardy après le décès de cette dernière en 2024, tant ce dixième album est fait de toutes les composantes chères à l'interprète de Mon amie la rose. Dans Paris Amour, il y a énormément de mélancolie et de rêverie, un sens aigu de la mélodie, mais aussi une pointe d'ironie comme lorsqu'elle chante qu'elle a la flemme de préparer ses valises lorsqu'un homme l'invite à passer un week-end romantique à Venise (Désirs fatigués des navires d'argent). A l'image de cette dernière chanson, Keren Ann s'avère être une championne du détournement de cliché : dans La Sublime solitude, elle dresse un portrait plutôt positif de la solitude sur une rythmique légèrement hip-hop, tandis que le morceau Paris Amour s'attache à montrer les aspects éreintants de la capitale française, loin des stéréotypes qui lui sont généralement associés dans la culture populaire. Keren Ann fait également un sublime détour en Bretagne (Les Remparts de Saint Malo), tout en faisant l'éloge de La Musique à fond, et en s'identifiant à Moïse dans Comme si la mer se divisait. Musicalement, Paris Amour est une nouvelle pierre à l'édifice sophistiqué et délicat que Keren Ann construit depuis l'an 2000. Autour de la matrice guitare/basse/batterie viennent se greffer le clavier de Johan Dalgaard, la trompette d'Avishai Cohen, ainsi que quelques cordes et des éléments électro. (Nicolas Magenham/Qobuz)