POURVU QU'IL PLEUVE

Quatre ans après Antidote, la rappeuse belge Shay revient enfin avec Pourvu qu'il pleuve, album qui sonne comme la consolidation d'un statut à part dans le rap francophone, celui de meneuse. Et dès l'entame, Partie hier, elle raconte son ascension, ses conséquences positives et négatives, les rancoeurs accumulées, l'argent aussi, et la détermination à toute épreuve. L'entrée en matière ne fait aucun doute car l'intention est claire : déployer tous ces attributs musicaux avec force, et péter les scores. Le single Jolie Go, pop syncopée faisant étalage de sa réussite, est un carton immédiat, suivi de Sans coeur et ses synthétiseurs basses redoutables, également trempé dans les musiques afro-caribéennes, sensuel et malicieux. Shay publie en fait un blockbuster totalement assumé où ses talents de chanteuse, qui s'entendent sur 1000 à l'heure ou Poisson Ivy, côtoient le rap plus droit et martial comme sur JGG ou le troisième single Commando. Elle ose constamment retourner les clichés rap masculins à son avantage, s'épanouit dans une forme de rapport de force qui lui sied parfaitement, bien épaulée dans son coin par le producteur Jo A Touch et d'autres noms retentissants tels que Noxious, Denza, DJ Erise ou le fidèle Heezy Lee, qui la fournit en instrus depuis ses débuts. Pourvu qu'il pleuve est un album costaud, taillé pour le succès, sacrément bien équilibré et produit, permettant à Shay d'étendre encore un peu son territoire hors du rap et de confirmer sa prestance (Brice Miclet/Qobuz).