RUE DU RETRAIT

Un jour, dans une pharmacie de son quartier, le 20ème arrondissement de Paris, Isabelle, brillante publicitaire de 45 ans, élégante et distinguée, rencontre Mado, une minuscule petite vieille toute rabougrie. Mado Bidois a 90 ans et chez elle tout est sale, sordide, désolant, atroce. Malgré la panique de se sentir piégée, Isabelle va revenir chez Mado. Tout les sépare et pourtant... Pourtant, des rapports étroits vont se nouer entre les deux femmes. Des rapports ambigus aussi, car la vieille dame combat désespérément pour sauver sa dignité et son autonomie. Et Isabelle change... René Féret est un cinéaste exigeant, et ce film le prouve une fois encore. En choisissant de raconter l'histoire de ces deux femmes, en évitant soigneusement tout le pathos et les clichés afférents, il parvient à émouvoir avec élégance. Doris Lessing n'est pas un auteur facile à adapter, mais le cinéaste sait parfaitement rendre l'atmosphère propre à l'univers sans concession de la romancière. Le rythme du film correspond à celui que l'on peut ressentir à la lecture d'un roman. Pas question de faire des effets de manche, la priorité est donnée aux comédiens. Le cinéaste pose un regard tendre mais sans apitoiement sur une vieille femme brisée par le destin. Isabelle, qui risque l'aveuglement à cause d'un travail trop accaparant, se voit "rescapée" grâce à Mado. Tout le talent de René Feret est d'exprimer des sentiments très forts avec pudeur.