SKETCHES OF A FUSION

Une succession de signaux sonores éparpillés, séparés par des silences. Peu de sons, beaucoup de bruits de toutes sortes. Le son serait, à l'intérieur de ce que notre société appelle "musique", la part la plus "codée" (nettoyée, reliée, maitrisée...) du matériel sonore. Dans l'absolu, il n'y a sans doute pas de possibilité ni de sens à vouloir distinguer le son du bruit. Les instruments acoustiques dominent largement, et une écoute attentive prendra vite conscience de l'attention réciproque que chacun accorde aux autres. Nous sommes donc dans un ordre connu (même s'il n'est guère écouté, accepté ni compris): celui de l'improvisation "libre". Cette manière n'est pas, ici, immédiatement reconnaissable. Lenteur et silences imprègnent en effet profondément cette musique qui a renoncé à tout effet expressif. Les "choses" durent longtemps, ici, en effet, et elles peuvent irriter (pas nécessairement) notre (im)patience. Pourquoi tant de lenteur (plusieurs des musiciens réunis ici sont ailleurs des bruiteurs et des nerveux impénitents) et de silence dans un environnement social si chaotique et tendu? Il ne s'agit certainement pas de nous apaiser, ni même de nous inquiéter, mais de nous interroger, au moyen de ce langage paradoxal,sur ce qui, dans ce monde, a fondamentalement changé.