SONATES VIOLE DE GAMBE CLAV./ ARIAS OBLIGATO VIOLA

Quelle belle réflexion sur la nature de la viole de gambe, l'un des instruments les plus délicats si elle est bien jouée (J. P. Eisel, 1738) et l'acte créateur de J. S. Bach, un génie qui n'a jamais été avare en expérimentation. C'est plus particulièrement la musique de chambre qui lui a offert ses champs de recherche. Notamment le trio, une sonate à trois voix principales qui concertent entre elles, nous dit en 1794 J. P. Kirnberger. Chaque voix doit être intéressante et tout en remplissant l'harmonie, doit en même temps faire entendre une mélodie. Instrumentiste accompli, Bach avait à coeur l'émancipation de l'instrument à clavier qu'il souhaitait libérer de son rôle figé de simple instrument d'accompagnement: ses sonates en trio ont ceci de particulier qu'elles sont écrites pour un instrument soliste, ici la viole de gambe, et le clavecin dont la main droite assure la deuxième voix de dessus et la main gauche la partie de basse; aux interprètes, et sur ce point-là Paolo Pandolfo et Markus Hünninger ne nous déçoivent pas, à assurer la parfaite cohésion de l'ensemble. La viole de gambe était essentiellement utilisée dans la musique religieuse après 1700. Son chant plaintif accompagnait surtout les compositions funèbres. Dans les Passions de Bach par exemple, elle est explicitement prévue pour l'accompagnement de certains airs. Le prélude improvisé qui marque la transition entre le récitatif et l'air de "Komm, süsses Kreuz" tirés de la Passion de Saint-Mathieu donne un aperçu non seulement du rôle symbolique qu'avait acquis la viole de gambe, mais aussi de l'art incroyable de Paolo Pandolfo.