THE PURPLE BIRD

Bonnie Prince Billy est un fragile, comme disent les affreux. Pas un gros bras braillard. Plutôt un doux et un sensible, avec la voix qui vacille comme si elle lui restait en travers de la gorge, avec des chansons chuchotées dans les marges du mainstream. Et un artiste qui, depuis 30 ans, a patiemment construit une oeuvre unique et cohérente. Avec des hauts et des bas, mais moins de bas que de hauts ces dernières années. Après l'envoutant et cosy Keeping Secrets Will Destroy You en 2023, il est déjà de retour avec ce Purple Bird de haute volée. Un disque country, enregistré à Nashville avec un producteur (David Ferguson) et des musiciens country. Le chanteur, qui a prouvé qu'il préférait tracer son propre sillon plutôt que se glisser dans celui des autres, ne s'est pas fait prier. Ce disque est country, mais progressiste, décalée, voire déconstruite. L'écriture et le sens de la formule rappellent l'immense John Prine. On entend des arrangements et des harmonies vocales country dans cet album. Mais London May pourrait être une chanson de Queen. Le flutiau sur Donwstream, ou la polka bavaroise de Guns Are For Cowards, avec flonflons de cuivres et accordéon, poussent les conventions de la country dans leurs derniers retranchements. On entend même une sonnette de vélo sur Tonight With the Dogs I'm Sleeping. Ni vraiment country ni franchement folk indé, cet album est d'abord suprêmement cool. (Stéphane Deschamps/Qobuz)