- Médiathèque nouvelle
- Outils de médiations
- Médiagraphies
- A24 : le studio qui bouscule le cinéma indépendant
A24 : le studio qui bouscule le cinéma indépendant
Une médiagraphie réalisée par Médiathèque Nouvelle en association avec le B3, Centre de ressources et de créativité de la Province de Liège, destinée à accompagner l'activité Apéro Ciné sur ce thème.
Kogonada : After Yang (2022) – VA1568
Adapté d’une nouvelle de l’écrivain Alexander Weinstein, After Yang propose une vision futuriste du foyer, multi-ethnique et éminemment transhumaniste. Au contraire de l’I.A. figurée dans Ex Machina, les techno-sapiens d’After Yang questionnent sans ambages l’écart de nature qui les distingue de leurs créateurs. De là à formuler le désir d’éprouver des émotions proprement humaines ? Par-delà ce prisme anthropocentré, le film donne à voir une recomposition de la famille nucléaire au sein de laquelle l’humanoïde devient un membre à part entière, quitte à tisser des liens dont la puissance est à la hauteur de leur finitude. (SD)
J.C. Chandor : A Most Violent Year (2014) – VA1177
A Most Violent Year fait partie de ces films qui mettent à nu la machine capitaliste étasunienne. N’y sont pas montrés les achalandages customer friendly de la 5e Avenue, mais bien plutôt l’envers du décor de la consommation. Le regard que J.C. Chandor pose sur son pays est résumé par un implacable dispositif : sur toile de fond médiatique quasi permanente – son diégétique de télévision et de radio faisant état d’une criminalité urbaine omniprésente – la réalisation est jalonnée d’éléments scénaristiques anxiogènes de nature à signifier son idée maîtresse, à savoir que la propriété privée est tout autant synonyme de confort matériel que de menace existentielle. (SD)
Emprunter à la bibliothèque
Halina Reijn : Babygirl (2024) – VB1944
Le film s’attache à articuler des enjeux apparemment contradictoires liés aux problématiques de la sexualité à l’ère post #MeToo. Au fantasme secret de soumission que nourrit son héroïne cheffe d’entreprise, vient répondre un jeune homme capable d’entrer en résonance empathique avec le désir de sa partenaire. Sous ces auspices la rencontre est une première pour l’un comme pour l’autre. Cette nouveauté introduit une forme de maladresse entre eux qui renforce le trouble et l’ambiguïté de la scène érotique. La réalisatrice éclaire son propos en citant Oscar Wilde : « Tout dans la vie est une question de sexe, sauf le sexe. Le sexe est une question de pouvoir. » (CDP)
Emprunter à la bibliothèque
Brady Corbet : The Brutalist (2024) – VB1951
Architecte juif né en Hongrie, László Tóth (Adrian Brody) émigre aux États-Unis après avoir survécu aux camps de concentration. Il tente de reprendre le fil de sa vie, dans une communauté qui ignore son ancien métier, jusqu’à ce qu’il soit découvert par un mécène, Harry Van Buren (Guy Pearce), qui lui propose de réaliser un immense centre culturel, coulé dans du béton brut. Poussé par un perfectionnisme extrême et des sentiments exacerbés, Tóth se perd et sombre dans la drogue et l’alcool. Ce projet, son rêve américain, devient une obsession qui le pousse à s’autodétruire et s’éloigner de son épouse. (ASDS)
Emprunter à la bibliothèque
Daniel Kwan, Daniel Scheinert : Everything everywhere all at once (2022) – VE0844
Au moment de remplir sa déclaration d'impôt, Evelyn Wang, femme d’une cinquantaine d’années, américaine d'origine chinoise et propriétaire d’une laverie automatique, se voit proposer un accès au multivers. La mise en relation de différentes déclinaisons d’elle-même et de ses proches la conduit à réévaluer son quotidien sous un angle inattendu. Débordant d’idées, le film enchaîne les morceaux de bravoure comme autant de clins d’œil à l’histoire du cinéma américain et asiatique. En quelques pirouettes de kung-fu, cette farce loufoque et maligne envoie un bon coup de pied dans les représentations d’un monde en état de crise généralisée. (CDP)
Emprunter à la bibliothèque
Sean Baker : The Florida Project (2017) – VF1082
The Florida Project rend visible une certaine frange de l’Amérique, celle qui investit les motels miteux à titre de résidence principale. Le film propose un contraste dérangeant entre sa colorimétrie criarde et la précarité évidente qui suinte de cette banlieue d’Orlando, sise non loin du parc à thème de Disney World. Vu à travers le prisme insouciant de Moonee, une enfant de six ans livrée à elle-même durant les vacances scolaires, cet environnement urbain est ainsi édulcoré par la palette de tons pastel qui agit comme un vernis, tant littéral que métaphorique, appliqué sur la réalité poisseuse de ces laissés-pour-compte. (SD)
Emprunter à la bibliothèque
David Lowery : The Green Knight (2021) – VG0768
Cette adaptation d'un poème anonyme du XIVe siècle traduit et popularisé en 1925 par J. R. R. Tolkien ne comblera sans doute pas les attentes du médiéviste rigoureux. Les sensibilités actuelles en revanche y trouveront plus d’un point de résonance avec notre monde. Émanation de la nature, le Chevalier vert agit en révélateur des failles et des contradictions d'une foi chrétienne empêtrée dans son combat contre le paganisme. La forme du récit liquide tout manichéisme et ne garde de cette lutte que l’image d’un enchevêtrement complexe, celui d’un corps à corps, d’un vertige organique, mental, social et politique entre deux systèmes impuissants à enrayer la souffrance. (CDP)
Ari Aster : Hérédité (2018) – VH0836
La société de production A24 a permis au cinéaste Ari Aster, pour son premier long métrage, de façonner les traumatismes familiaux d’Annie Graham (Toni Collette), à la suite du décès de sa mère, en un récit démoniaque. La transmission du passé maléfique et occulte des gènes maternels doit continuer à n’importe quel prix. L’esprit malin, le démon Paimon, va poursuivre cette hérédité et jouer avec cette malheureuse famille qui n’aura aucune emprise sur son destin. Aucun membre ne sera épargné. Un film difficile à totalement décrypter en une seule vision, mais un véritable coup de maître. (StS)
Emprunter à la bibliothèque
Alex Garland : Men (2022) – VM3342
Marquée par le suicide de son mari toxique et violent, Harper Marlowe se retire dans un petit village au beau milieu de la campagne britannique. Elle essaye de se reconstruire dans cet endroit champêtre. Mais cette recherche d’équilibre va rapidement être mise à mal par l’intrusion des habitants composés exclusivement d’hommes agressifs (et interprétés par le même acteur !). Une effrayante embûche patriarcale. Elle réalise rapidement que ce qu’elle tente de fuir la rattrape dans une atmosphère qui oscille entre le sordide et le surnaturel. Men est une allégorie des violences faites aux femmes. (StS)
Lee Isaac Chung : Minari (2020) – VM3306
Jacob (Steven Yeun) emmène sa famille dans une zone isolée de l’Arkansas pour y cultiver la terre et vendre des légumes coréens à la communauté locale, mais son épouse a des doutes. Lee Isaac Chung raconte l’histoire du rêve américain, mais aussi celle d’un couple en crise, d’une femme qui, par tradition, se met en retrait pour soutenir son mari contre vents et marées. Cette tension est palpable durant tout le film, entrecoupée d’épisodes comiques entre la grand-mère et son petit-fils. L’histoire est simple, mais elle renvoie aux grands événements de la vie, et elle est filmée avec délicatesse et sensibilité, sans excès. (ASDS)
Emprunter à la bibliothèque
Barry Jenkins : Moonlight (2016) – VM3129
Séquencé en tableaux, lesquels correspondent à autant de jalons existentiels, Moonlight relate le parcours d’un Afro-Américain homosexuel, Chiron, depuis son enfance difficile dans les quartiers paupérisés de Miami, jusqu’à son inexorable métamorphose en trafiquant de drogue et ex-détenu. Illustration de la notion socio-politique d’intersectionnalité, le film entrecroise les multiples objets de discrimination dont est victime Chiron, lequel évolue dans un environnement à la fois précarisé et ouvertement homophobe. C’est en revenant vers Kevin, objet de ses premiers émois, que Chiron alias Black manifeste enfin la volonté de devenir qui il est. (SD)
Emprunter à la bibliothèque
Mike Mills : Nos âmes d'enfants (C’mon C’mon) (2021) – VN0731
Quand Johnny (Joaquin Phoenix) propose à sa sœur de s’occuper de son fils de 10 ans Jesse (Woody Norman), c’est un nouveau monde qui s’ouvre à lui. Il ne connaît pas vraiment son neveu et Mike Mills réussit le pari de montrer une relation intime entre un enfant qui grandit à vue d’œil et un adulte qui brise sa carapace, osant enfin exprimer ses émotions. Les images et les sons de ce film emmènent le spectateur dans un voyage tout en douceur et en intimité, explorant la vie quotidienne et ses petites histoires sans verser dans le drame, tout en posant des questions très actuelles sur la vie parentale et la société. (ASDS)
Emprunter à la bibliothèque
Une médiagraphie de Médiathèque Nouvelle réalisée par Pierre Baps, Simon Delwart, Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter et Stanis Starzinski.