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Big Mama Thornton | Médiagraphie
Big Maceo, King Of Chicago Blues Piano (Arhoolie Records, 1992, enregistrements 1941-1945) KB3614
Willie Mae Thornton a 14 ans quand elle est repérée dans un concours de chant par le manager Sammy Green qui lui propose de rejoindre sa « Sammy Green’s Hot Harlem Revue ». Pour son audition, elle interprète un morceau de Louis Jordan, « G.I. Jive », et « Worried life blues » de Big Maceo. La carrière de ce dernier est extrêmement courte, elle dure cinq ans à peine durant lesquels il enregistre seulement 28 morceaux. Ce sera néanmoins suffisant pour faire de lui en son temps « le roi du piano blues de Chicago ». Son répertoire sera par la suite interprété par de très nombreux musiciens de blues.
THE KING OF CHICAGO BLUES PIANO (THE BEST OF BIG MACEO)
Johnny Otis, The Godfather of rhythm & blues / Johnny Otis & The R'n'b Caravan (Blues Collection, 2003, enregistrements. 1950-1952) KO8098
Américain d’origine grecque, le chef d’orchestre et compositeur Johnny Otis était un des artistes phares du label Peacock, sur lequel Willie Thornton signe en 1951. Elle accompagnera les tournées de sa revue, à travers la côte ouest et le suivra dans les sessions d’enregistrement qu’il organisait à Los Angeles pour les artistes du label. C’est Johnny Otis qui lui présentera Jerry Leiber et Mike Stoller, deux jeunes auteurs-compositeurs prometteurs. La voix et le personnage de Big Mama Thornton les séduiront immédiatement, au point de les inspirer à composer une chanson spécialement pour elle.
THE GODFATHER OF RHYTHM & BLUES
The Leiber & Stoller Story - Volume One: Hard Times - The Los Angeles Years (Ace Records, 2004, enregistrements 1951-1956) K 5518
Jerry Leiber et Mike Stoller forment un des duos d’auteurs-compositeurs les plus importants de l’après-guerre. En 1952, ils écrivent la chanson « Hound dog » pour Big Mama Thornton. Le morceau devient un hit en 1953 et se vend à plus d’un demi-million d’exemplaires. La chanteuse devient célèbre grâce à ce titre, mais gagne toutefois très peu d’argent sur ces ventes. Le morceau est repris plusieurs fois, et devient à nouveau numéro un en 1956 dans la version rockabilly d’Elvis Presley. Leiber & Stoller ont écrit de nombreux hits, dans des styles allant du rhythm‘n’blues à la pop, en passant par le rock'n roll.
LEIBER & STOLLER STORY - VOLUME ONE: HARD TIMES - THE LOS AN
Big Mama Thornton, The Original Hound Dog (Ace Records) KT4807
« Hound dog » est le premier morceau écrit spécialement pour Big Mama Thornton, qui jusque-là chantait des reprises d’autres chanteurs ou chanteuses. Le duo Leiber-Stoller a cherché un texte qui corresponde à sa personnalité, une fille forte, rebelle, dure à cuire, avec, malgré son âge, un physique marqué par la vie. Ils lui écrivent l’histoire d’une femme rejetant de sa maison et de sa vie un gigolo égoïste qui l’exploitait et lui gâchait l’existence. « Tu n’es rien qu’un chien de chasse », chante-t-elle, « Arrête de fouiner devant ma porte/ Tu peux remuer la queue/Mais je ne te nourrirai plus. »
THE ORIGINAL HOUND DOG
Johnny ACE, Ace's Wild [The Complete Solo Sides And Sessions] (Fantastic Voyage, 2012, enregistrements 1953-1989) KA1162
« Hound Dog » sera un tube presque une année durant, mais rapportera à Willie Mae Thornton plus de gloire que d’argent. Cette nouvelle notoriété lui permettra néanmoins de tourner à travers les États-Unis, notamment avec l’orchestre de Johnny Ace, autre artiste du label Peacock. Ils feront le tour du pays, depuis les salles de la côte ouest jusqu’à l’Apollo Theater de Harlem. Leur collaboration durera de 1951 jusqu’au jour de Noël de 1954. Ce jour-là, alors qu’ils devaient jouer au City Auditorium de Houston, Johnny Ace trouvera la mort dans sa loge, au cours d’un stupide jeu de roulette russe.
ACE'S WILD (THE COMPLETE SOLO SIDES AND SESSIONS)
Elvis Presley, Elvis Presley face à l'histoire de la musique américaine (Frémeaux & Associés, 2012, enregistrements 1954-1958) KP7211
Génie pour les uns, pilleur pour les autres, Elvis Presley a fait une carrière flamboyante en interprétant un répertoire de musique noire pour un public blanc. S’il a ouvert la porte à de nombreux musiciens noirs en popularisant le blues, le rhythm’n’blues et le rock'n roll, son succès a toujours été disproportionné par rapport aux versions originales, entrainant aujourd’hui des accusations d’appropriation culturelle. Sans prendre parti dans la controverse, le label Frémeaux et Associés propose ici une compilation de morceaux interprétés par Presley et leurs versions originales respectives.
ELVIS PRESLEY FACE A L'HISTOIRE DE LA MUSIQUE AMÉRICAINE
Esther Phillips, Set Me Free (Atlantic Records, 1964-1970) KP3978
Dans les années 1950, la revue itinérante de Johnny Otis, le California Rhythm and Blues Caravan, comprenait deux chanteuses : Willie Mae Thornton et Esther Phillips. La légende veut que le surnom de « Big Mama » ait été choisi en réponse à celui d’Esther, qui ne s’appelait pas encore Phillips, mais « Little Esther ». Les performances des deux artistes ont souvent été présentées comme des duels, et la légende a été créée d’une concurrence sévère entre elles. Phillips a quitté la revue à la fin des années 1950 pour une carrière solo, mais n’a retrouvé le succès qu’une dizaine d’années plus tard.
SET ME FREE
Big Mama Thornton, Ball N' Chain (Arhoolie Records,1965-1968) KT4808
À la fin des années 1950, la carrière de Willie Mae Thornton s’enlise. Elle quitte Houston pour s’installer à San Francisco et ne joue plus que dans les clubs locaux, et encore de manière très épisodique. Elle quitte le label Peacock et enregistre pour une série d’autres maisons de disque, dont Arhoolie. C’est pour eux qu’elle écrit en 1961 le morceau « Ball and Chain », l’histoire d’une femme, déçue par un homme, qui compare son amour pour lui à « une chaine et un boulet qui l’entraine vers le fond ». Elle n’enregistrera le morceau que sept ans plus tard sur son dernier album pour le label.
BALL N' CHAIN
American Folk Blues Festival 1962-1969 (Hip-O Records, 2004) K 2021
L’American Folk Blues Festival est une tournée montée à partir de 1962 dans le but d’inviter en Europe des musiciens de blues américains, souvent pour la première fois. Lancé par le journaliste allemand Joachim-Ernst Berendt et les promoteurs Horst Lippmann et Fritz Rau, l’événement aura lieu tous les ans jusqu’en 1972 dans plusieurs salles en Allemagne, en Angleterre et à Paris. Parmi les nombreux artistes qui ont participé à ces tournées, on peut citer Muddy Waters, Sonny Boy Williamson, John Lee Hooker, Howlin’ Wolf ou encore Memphis Slim. Big Mama Thornton aura l’occasion d’y participer en 1965.
THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1969, VOL.2
Big Mama Thornton, In Europe (Arhoolie Records, 1965) KT4800
La tournée européenne de Willie Mae avec l’American Folk Blues Festival sera un grand succès et elle séduira le public européen, qui découvrait pour la première fois un répertoire de blues féminin authentique et sans apprêt. Le label Arhoolie va faire enregistrer à la chanteuse son premier album Big Mama Thornton In Europe, réalisé à Londres en octobre. Elle y est accompagnée par de grands vétérans du blues : le guitariste Buddy Guy, l’harmoniciste Walter Shakey Horton, le pianiste Eddie Boyd, le bassiste Jimmy Lee Robinson, le batteur Fred Bellow et, sur deux morceaux, le guitariste Fred McDowell.
IN EUROPE
Big Mama Thornton, With the Muddy Waters Blues Band (Arhoolie Records, 1966) KT4811
En 1966, de retour aux États-Unis, Big Mama Thornton participe pour la première fois au Monterey Jazz Festival, en Californie. Le public américain qui l’avait oubliée depuis « Hound dog » la redécouvre enfin. Elle n’a toutefois toujours pas d’orchestre ni de musiciens attitrés. Le label Arhoolie a donc organisé cette rencontre en studio entre la chanteuse et le groupe du bluesman de Chicago Muddy Waters, de passage à San Francisco. Comme avec le groupe de Buddy Guy à Londres, le courant passe entre Thornton, Waters, le pianiste Otis Spann et l’harmoniciste James Cotton, et produit une session très réussie.
WITH THE MUDDY WATERS BLUES BAND, 1966
Janis Joplin, Janis/Early Performances (Columbia, 1968-1971) XJ823E
Janis Joplin a découvert le morceau « Ball and Chain » lors d’un concert de Big Mama Thornton dans un bar de San Francisco. Elle décide d’en créer une version et de l’inclure au répertoire de son groupe, le Big Brother and the Holding company. Ils le (la ? à la version ?) joueront pour la première fois au Monterey pop festival en 1967, et devant l’accueil enthousiaste du public, en feront un de leurs morceaux phares. Le titre figurera sur de nombreux enregistrements live et sur l’album studio Cheap Thrills. Le succès de cette version fera rebondir la carrière de Big Mama Thornton.
JANIS/EARLY PERFORMANCES
Big Mama Thornton, Jail (Vanguard Records, 1975) KT4803
Après son départ du label Arhoolie, Big Mama Thornton décide de rester indépendante et de ne plus signer de contrat avec une maison de disque, mais de négocier album par album. Elle contacte ainsi Vanguard qui lui propose en 1975 d’enregistrer un concert à la prison d’État de Monroe, dans l’État de Washington et au pénitencier de Eugene, Oregon. L’idée était bien sûr de capitaliser sur le succès de l’album que Johnny Cash avait enregistré en 1969 à la prison de San Quentin. Elle y chante « Ball and Chain », « Hound dog » et cinq autres morceaux dont une nouvelle composition intitulée « Jail ».
JAIL
Big Mama Thornton, The Complete Vanguard Recordings (Vanguard Records, 1975) KT4810
Cette anthologie reprend l’ensemble des enregistrements réalisés par Big Mama Thornton pour le label Vanguard. Outre l’album live Jail, déjà cité, on y trouve le disque Sassy Mama, où elle est accompagnée par la crème des musiciens de studio de l’époque, dont le guitariste texan Cornell Dupree. Le troisième, Big Mama swings, est en fait un album fantôme qui a été enregistré aux alentours de 1975, mais qui n’a jamais été publié. Il a été retrouvé lors de la réalisation de cette rétrospective en l’an 2000, dans les archives du label, qui en avait totalement oublié l’existence.
THE COMPLETE VANGUARD RECORDINGS
Men Are Like Street Cars (Women Blues Singers 1928-1969) (MCA RECORDS, 1999) K 1488
Comme le dit le livret de cette anthologie, à ses débuts, le monde du blues était un univers très rude et très compétitif. Les textes y étaient généralement brutalement réalistes et la musique sensiblement agressive. À la même époque, on considérait par contre qu’une femme était censée se comporter comme une dame et l’idée d’une chanteuse de blues paraissait très inappropriée. Dès les années 1920 pourtant, une longue lignée de femmes fortes s’est imposée malgré les barrières mises sur leur chemin par l’industrie musicale et par la société. On en trouve ici quelques exemples, dont Big Mama Thornton.
MEN ARE LIKE STREET CARS (WOMEN BLUES SINGERS 1928-1969)
Memphis Minnie, The Blues: The Queen of the Blues 1929-1941 (Frémeaux & Associés, 1997, enregistrements 1929-1941) KM4537
Parmi les chanteuses à qui on a comparé Big Mama Thornton, on peut citer Memphis Minnie. Née en Louisiane en 1897, Lizzie Douglas s’installe à Memphis, Tennessee. On sait assez peu de ses débuts, mais elle a déjà une carrière lorsqu’elle épouse le guitariste Joe McCoy avec qui elle va former un duo. Ils enregistrent pour la première fois en 1929 et le label les baptise à cette occasion « Memphis Minnie », en hommage à la souris de Disney, et « Kansas Joe ». En duo ou en solo, Memphis Minnie s’est imposée comme un caractère bien trempé, ne craignant ni les textes osés ni les bagarres au couteau.
THE BLUES: THE QUEEN OF THE BLUES 1929-1941
Gertrude « Ma » Rainey, Mother of the Blues 1923-1928 (Blues Collection, 1998) KR0491
Gertrude « Ma » Rainey est une autre chanteuse à qui on a comparé Big Mama Thornton. Née à Colombus, Géorgie, en 1886, elle débute à l’âge de 14 ans dans des spectacles de vaudeville. En 1902, de passage à Saint-Louis, Missouri, elle découvre le blues lors du concert d’une jeune chanteuse locale, et se lance à corps perdu dans le style, jusqu’à prétendre plus tard avoir inventé le mot, voir le genre lui-même. Cette exagération mise à part, « Ma » Rainey a eu une grande influence sur les chanteuses de blues suivantes, dont la jeune Bessie Smith, qu’elle a découverte et soutenue à ses débuts.
THE MOTHER OF THE BLUES 1923-1928
Bessie Smith, Empress of the Blues, VOL.1 (Universe Italy, 2006, enregistrements 1923-1925) KS4527
Après la mère du blues et la reine du blues, voici son impératrice. Née à Chattanooga, dans le Tennessee, Bessie Smith est repérée à l’âge de seize ans par Gertrude « Ma » Rainey. Elle sera par la suite considérée comme l'une des plus grandes chanteuses de son époque et va exercer une influence majeure sur les autres chanteurs et chanteuses de blues, ainsi que de jazz, jusqu’à sa mort en 1937. Elle s’est imposée dans le monde de l’industrie musicale à la fois sur scène et sur disque, malgré la ségrégation raciale en vigueur aux États-Unis, tout en conservant fièrement son style rude et sans compromis.
EMPRESS OF THE BLUES, VOL.1
I smell a rat [Early black Rock 'N Roll 1949-1959] (Trikont-Indigo, prod. 2010, enr. 1949-1959) K 0294
Cette compilation du label allemand Trikont tire son titre d’un morceau de Big Mama Thornton. Elle met en avant les artistes noirs qui ont rendu possible l’émergence du rock'n roll, bien avant son adoption par les musiciens blancs. Il s’agit du deuxième volume d’une série qui comprenait déjà l’album Roll your moneymaker, basé sur le même principe. Bien souvent moins connus que leurs imitateurs blancs, la plupart des musiciens présentés produisaient une musique plus abrupte, associant les rythmes du blues, les mélodies de la country et la fièvre du gospel à la distorsion de l’amplification électrique.
I SMELL A RAT (EARLY BLACK ROCK 'N ROLL 1949-1959)
Ladies Sing The Blues (Union Square Music, 2009) K 8250
De nombreuses anthologies s’intitulent Ladies sing the blues, en hommage bien sûr à l’album de Billie Holiday. Cette triple compilation du label Union Square balaie un large spectre et s’intéresse autant aux grands noms du jazz, comme Ella Fitzgerald, Billie Holiday ou Lena Horne, qu’aux chanteuses de rhythm‘n’blues et de rock'n roll, et à leurs précurseuses à toutes dans le monde du blues. Elle montre le chemin parcouru pour qu’on puisse aujourd’hui utiliser le terme « chanteuse de blues » comme une preuve de talent et non comme une marque d’indignité.
LADIES SING THE BLUES
Bibliographie:
Twelve bar blues
Patrick Neate
Paris : Intervalles, 2007
Habitué à mixer littérature et musique (il est co-fondateur des sessions Bookslam), Patrick Neate a trouvé un terrain narratif idéal en signant une fresque sur l’histoire du jazz. Menée tambour… trompette et saxophones battant·e·s, « Twelve bar blues » nous transporte d’une Afrique imaginaire aux mégalopoles contemporaines en passant par la Louisiane du début 20e siècle. Dans un style coloré et truculent, empreint de négritude autant que d’humour noir, le romancier nous rappelle une fois de plus le climat de violence, de tension et d’exil dans lequel ont vécu de tous temps les musicien.ne.s afro-américain.e.s.
(D.d.L.)
Encyclopédie du Rythm & blues et de la soul
Sebastian Danchin
Paris : Fayard, 2002
En 600 articles, cette anthologie retrace les aléas de l'appellation Rythm & Blues : officialisée en 1949 pour désigner la rencontre entre le swing des big band urbains et le blues populaire du sud, elle englobe différents styles (doo-wop, funk, pop-soul…), est rebaptisée « soul » et puis « black » music, avant que l’acronyme ne réunisse à nouveau les artistes noirs du rap, de la soul et de la pop fin des années nonante. Si elle ne dispose hélas d’aucune entrée dans cette compilation, Big Mama Thornton y apparaît entre les lignes à trois reprises, au sein des notices de Johnny Ace, Rufus Thomas et Johnny Otis…
(D.d.L.)
Le rêve de Meteor Slim
Frantz Duchazeau
Paris : Sarbacane, 2008
Si Eddie Cochran et Memphis Slim ont marqué l’histoire de la musique, Meteor Slim, alias Edward Ray Cochran, est sorti tout droit de l’imagination de Frantz Duchazeau ! Dans le Mississipi des années trente- références d’enfance de Big Mama Thornton - ce ferronnier quitte maison et femme enceinte pour tenter d’accoucher d’un rêve : devenir un grand musicien de blues. Au cours d’un parcours initiatique tragi-comique, « l’homme à la guitare qui pue » croise de véritables légendes (Robert Johnson, Johnny Shines…) et fait connaissance avec la sombre réalité du milieu : procureurs miteux, whisky au goulot, bagarres à gogo… (D.d.L.)
R&B : entre pop et black music
Marc Fanelli-Isla
Paris : Éditions didier Carpentier, 2012
Dans un style didactique et engagé socio-politiquement, Marc Fanelli-Isla, auteur, rédac-chef de revues musicales et auteur-interprète (pseudo : G..No), s’attaque ici à narrer le « conte de la black music » jusqu’en 2012. S’il se focalise sur les avatars du R&B contemporain, il remonte aussi aux racines et défriche des terrains moins connus. Dans ce patchwork de portraits, d’interviews d’activistes et de rubriques diverses, on passe ainsi de Sam Cooke à Teddy Riley, d’Elvis Presley à Big Mama Thornton, du new jack swing au R&B latino…Un éclectisme parfois surprenant, mais source de (re)découvertes. (D.d.L.)
J'irai cracher sur vos tombes
dessins de Ray Macutay, Rafael Ortiz, Scietronc ; scénario de Jean-David Morvan ; d'après Vernon Sullivan alias Boris Vian
Grenoble Glénat, 2020
Le sud des Etats-Unis, dont est issue Big Mama Thornton, est indissociable de l’histoire du racisme et de laa ségrégation. Ce pan obscur de la culture américaine a alimenté de nombreux ouvrages de fiction. Boris Vian s’en est nourri pour écrire le fameux J’irai cracher sur vos tombes, dans la veine des polars américains. Derrière le pseudonyme de Vernon Sullivan, un écrivain noir dont il se réclamait être le traducteur, il rédige un récit de vengeance brutal, violent, mysogine et considéré à l’époque comme pornographique. Cette adaptation en BD nous permet de (re)découvrir ce titre qui fit scandale. (F.d.H.)
Indian blue
Sherman Alexie ; trad. de l'américain par Michel Lederer
Paris : 10/18, 2005
Indian Blues (Reservation Blues en V.O.), premier roman de Sherman Alexie, narre les tribulations de jeunes Indiens Spokane qui forment un groupe de rock après avoir mystérieusement hérité de la guitare du bluesman Robert Johnson, décédé cinquante ans plus tôt après avoir noué un pacte avec le diable. En quête de gloire, le groupe invente un « blues indien » dénonçant la misère, l'alcoolisme et l'indifférence, affirmant une culture métissée face aux préjugés et aux vautours du show-business. Le livre mêle humour noir, réalisme magique et une description de la vie étouffante des réserves indiennes. (F.d.H.)
Me and the devil blues
(4 tomes)
dessins et scénario de Akira Hiramoto
Bruxelles : Kana, 2008-2009
Le manga Me and the Devil Blues d’Akira Hiramoto offre une relecture sombre et originale du mythe de Robert Johnson, bluesman légendaire supposé avoir vendu son âme au diable, dan l’Amérique ségrégationniste des années 1920. Graphiquement, ce manga se distingue par une maîtrise exceptionnelle : le trait précis magnifie les expressions et les décors, créant une atmosphère pesante et immersive où le réalisme côtoie le fantastique. Les contrastes, le jeu d’ombres et la composition appuient le récit et renforcent ce thriller où la rumeur du pacte avec le diable devient moteur du destin tragique du héros. (F.d.H.)
Mascarade
Ray Celestin ; trad. de l'anglais par Jean Szlamowicz
Paris : Le Cherche Midi, 2017
Même époque, même musique mais changement de décor, Mascarade de Ray Celestin dépeint l’ambiance de Chicago dans les années 1920, marquée par la prohibition, le jazz et la criminalité. La ville, entre ghetto noir, riches familles blanche et la mafia d’Al Capone y est vibrante, dangereuse et oppressante, avec ses ruelles sombres et ses clubs bruyants. Engagés par une femme appartenant à l’une des plus riches dynasties de la ville qui veut retrouver sa fille, disparue la veille de son mariage, on y suit l’enquête des détectives Michael Talbot et Ida Davies, aidés par un jeune jazzman, Louis Armstrong. (F.d.H.)
Une médiagraphie réalisée par Benoit Deuxant (Médiathèque Nouvelle), et par l'équipe de la bibliothèque Hergé à Etterbeek, François de Hemptinne, Daniel de Loneux, sur une idée originale de Xavier Daive (Atelier 210)