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Cabinet de curiosités
en marge des Festivals de Wallonie

Motets pluritextuels
Dès le XIIIe siècle, peu après la naissance de la polyphonie, un nouveau genre se développe : le motet. Il est formé, dans le grave, par un chant grégorien - la teneur, souvent chantée sur une vocalise - et de deux lignes de chant dotées de textes… différents ! Pour corser l’affaire, les phrases ne s’ajustent pas aux phrasés de la musique. La compréhension des paroles s’en trouve dès lors particulièrement malaisée. Pourtant, le genre est l’un des plus appréciés de l’époque : lieu d’expérimentations les plus folles où les mathématiques et la musique se marient avec bonheur, les poèmes semblent être superposés pour créer un effet polyphonique quasi abstrait, se jouant des allitérations, des imitations musicales et textuelles, évoluant par formules rythmiques répétées à l’envi, et en décalage de voix en voix. Pour le public, le défi semble être de retrouver les emprunts musicaux et textuels dans les répertoires grégorien et populaire. Découvrons Quant en moy / Amour et biauté / Amara valde de Guillaume de Machaut, très représentatif du motet du XIVe siècle...
THE DART OF LOVE

Partitions étonnantes
La fin du XIVe siècle voit fleurir ce que nous appellerons tardivement « l’ars subtilior », un style qui pousse le raffinement à l’extrême, dans le maniérisme comme dans la complexité. Il y est donné souvent une grande importance à l’aspect visuel des partitions, en relation avec le thème de la poésie et de la musique. Baude Cordier en est un représentant bien connu, avec son rondeau Belle, bonne, sage, écrit sous la forme d’un cœur. Les notes du virelai Harpe de mélodie, du français Jacob Senleches, sont écrites sur les cordes d'une harpe qu'il faut pencher à l'horizontale pour rendre la lecture de la partition possible.
D'AMOURS LOIAL SERVANT

La pièce la plus longue
Satie aimait jouer les provocateurs et piquer la curiosité du public. Vexations, première œuvre répétitive, est conçue autour d'un unique thème, annonciateur de la série dodécaphonique (il ne lui manque qu'une note !) théorisée par Arnold Schönberg. Ce motif devait se répéter 840 fois. La première interprétation complète date de 1963, sous les doigts de John Cage et de neuf autres pianistes, un concert d'une durée de … 18 heures !
VEXATIONS REVISITED (GRAZYNA BIENKOWSKI)

Et la plus courte...
Des pièces de forme brève, le répertoire classique en compte une pléiade : miniatures, impromptus, intermezzos, moments musicaux, etc. Elles se caractérisent par leur facture simple, peu ou pas de développements, de variations, de modulations, tout entières dédiées à une idée exprimée avec une extrême concision. Avant Schubert, Schumann et Webern, c’est Beethoven qui mettra en pratique le premier cette forme brève, avec trois recueils de bagatelles, de « petits riens » comme il les appelait lui-même, dont certaines semblent avoir été juste ébauchées, des idées jetées sur une partition, à l’image de haïkus. Écoutez donc la plus courte de ses Bagatelles op.119, la dixième, qui dépasse à peine les 10 secondes !
FÜR ELISE / BAGATELLES OPP 33,119,126

Mariage insolite
Au cours de son histoire, le Japon a souvent changé de politique culturelle concernant la pénétration des influences étrangères. Des périodes d’ouvertures ont succédé à d’autres, nationalistes et protectionnistes. Toru Takemitsu débordait de curiosité pour la création musicale occidentale du XXe siècle : Debussy et Messiaen l’ont influencé et aidé à se forger un langage harmonique. Il s'intéressait aussi au sérialisme et à la musique électronique. Sa rencontre avec Cage, en 1964, marque un tournant : il peut enfin envisager d'incorporer des instruments traditionnels à sa musique. November Steps, une commande pour les 125 ans du New York Philharmonic Orchestra, intègre dans son effectif une flûte shakuhachi et un biwa. Mais plutôt que fusionner les deux cultures, Takemitsu les place côte à côte, chacune s’exprimant dans son langage, dans ses propres codes. Même la partition souligne chaque univers : notation classique pour l'orchestre, notation graphique pour les solistes. Temps mesuré, rythmes bousculés pour l'un, temps long, suspendu pour les autres. Une composition hors norme, à découvrir ci-dessous dans sa version de création.
IN AN AUTUMN GARDEN

Exhumation des œuvres du passé
Dans la seconde moitié du XXe siècle, on a vu poindre une poignée de courageux musiciens et musicologues passionnés par la musique ancienne, s’attachant à rendre vie à des compositions qui prenaient la poussière. En 1975, Jean-Claude Malgoire interpréta pour la première fois depuis la mort de Jean-Baptiste Lully son Alceste. Gustav Leonhardt, Marc Minkowski et William Christie se chargeront de faire renaître d’autres références de ses opus scéniques. Christophe Rousset œuvre dans la même lignée, à la redécouverte du répertoire baroque. Il dirige Perséphone, du même Lully, au Festival de Namur. En 2010, Bellérophone, après plus de trois siècles d’absence, fut recréé sous sa baguette, et enregistré sous le label Aparté.
BELLEROPHON

Et les femmes, alors ?!
Loin de nous l’idée de promouvoir les compositions des femmes, juste parce qu’elles sont femmes, mais force est de reconnaître que nous avons été privés d’un pan entier du répertoire de la musique classique par la misogynie ambiante et persistante de notre histoire. Depuis quelques années, les éditeurs gravent des œuvres de compositrices qui n’avaient jamais eu les honneurs d’un enregistrement ni d’une interprétation de concert. Que de trouvailles et que de préjugés à faire tomber ! On découvre notamment que ces dames n’ont pas écrit que des pièces pour piano ou des mélodies, mais se sont aussi tournées vers des genres aux effectifs instrumentaux et vocaux plus fournis, comme l’opéra et la symphonie. Je vous propose de découvrir la suite de ballet Callirhoé de Cécile Chaminade, une partition qui a retrouvé le chemin du concert sous la houlette de David Reiland.
COMPOSITRICES - NEW LIGHT ON FRENCH ROMANTIC WOMEN COMPOSERS
