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image du film "La Mémoire de Nelly" de Nicolas Wouters (prod. Graphoui)

Congo, Rwanda, Belgique entre archives et cinéma d’animation

Une sélection thématique de films visibles sur laplateforme.be

Cinq films où le passé colonial reliant le Congo, le Rwanda et la Belgique est abordé au point de rencontre de l’intime et de la dite « Grande Histoire », entre redécouvertes d’archives familiales et recours inspirant au cinéma d’animation.
image du film "La Mémoire de Nelly" de Nicolas Wouters (prod. Graphoui)

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Le site laplateforme.be est la vitrine de promotion des films de la Fédération Wallonie-Bruxelles à destination des secteurs socioculturel et pédagogique.


Bons baisers de la colonie de Nathalie Borgers (2011 – 74’)

Désormais femme d’un âge avancé, Suzanne a un jour été une enfant « sauvée d’un destin nègre », selon la formule en vigueur au temps du colonialisme à la belge. Fille plus ou moins illégitime d’un administrateur de colonie et d’une femme rwandaise, lesquels étaient pourtant mariés selon la coutume locale, elle est emmenée en Europe par son père, celui-ci craignant qu’elle n’embrasse le destin de prostituée souvent dévolu aux jeunes métisses. Réalisé par Nathalie Borgers, la propre nièce de Suzanne, ce long métrage documentaire bénéficie d’un dispositif permis par la filiation entre la protagoniste et la cinéaste : c’est souvent à partir de l’image, que celle-ci soit fixe (une photographie familiale) ou animée (un film tourné au Rwanda) que Nathalie Borgers fait réagir sa tante. Ce faisant, elle repart ainsi aux fondations d’une histoire toute personnelle, mais qui constitue un intérêt certain pour celles et ceux désirant mieux saisir les dynamiques interpersonnelles de la colonisation, dans la veine, par exemple, de ce qu’écrivait Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs. (SD)


Un amour rêvé d’Arthur Gillet (2018 – 75’)

C’est l’histoire des grands-parents d’Arthur Gillet. On peut la raconter comme un conte. Léontine rencontre Joseph, ils s’aiment. Nous sommes au Congo, fin des années 1950, elle est Noire, il est Blanc. Le mariage se conclut – une première pour l’État colonial, qui n’apprécie pas la mixité – et des enfants naissent. Plus tard, la famille s’exile en Belgique, une nouvelle vie commence. Puis, les années passant, Joseph meurt, suivi par Léontine. Héritant de leurs papiers, Arthur Gillet voit s'écrire une autre histoire, plus dure, âpre. Il se demande : faut-il dire ce que le conte ne dit pas ?

Certaines familles se construisent sur des mythes, des demi-songes qui, pleinement ressentis, deviennent des vérités à part entière. La foi prêtée aux récits de sa grand-mère, Arthur Gillet ne va pas la reprendre. Ce serait se parjurer. Sa démarche sera compréhensive et respectueuse, fondée sur la mise en lumière de ce qui a incité Léontine à préférer le rêve. À l’idylle qui fut le décor de ses récits d’enfance, le cinéaste choisit d’adjoindre ses propres gestes rêveurs. Les images manquantes ne s’offrent pas à une nécessité de comblement, mais à un sentiment plus profond que le manque révèle, qui est la dimension imaginaire que les êtres aimés occupent en nous. Étayé des dessins animés de l'artiste italienne Alice Milani Comparetti selon le procédé du monotype, le film explore cette région liminaire du souvenir où il se régénère dans d'autres corps, d'autres formes. (CDP)


La Mazda jaune et sa Sainteté de Sandra Heremans (2018 – 10’)

Née au Rwanda en 1989, arrivée en Belgique peu de temps avant le génocide de 1994, Sandra Muteteri Heremans évolue aujourd’hui – après des études en histoire de l’art et en anthropologie sociale – dans un champ d’expression situé au point de rencontre entre le cinéma expérimental, le film-essai et l’art contemporain. Dans ce premier court métrage de dix minutes, elle réussit à agencer subtilement une réflexion sur les images et leur statut et une évocation d’une histoire intime (la rencontre entre sa mère, rwandaise, et son père, missionnaire belge ; leur mariage ; sa naissance ; la révocation des vœux ecclésiastiques de son père…). Le contexte politique plus large de la colonisation – et ce qu’il implique d’asymétrie dans les rapports humains – est présent, mais en toile de fond, en filigrane. Et le film s’achève par une dédicace touchante dans le générique de fin : « À mon père, mari aimant et père exemplaire (1932-2014) ». (PD)


La Mémoire de Nelly de Nicolas Wouters (2021 – 40’)

En récupérant des archives familiales, Nicolas Wouters se retrouve plongé dans le passé colonial de ses grands-parents, partis au Congo très jeunes. De ces années subsistent des photos et des films d’une histoire familiale qui semble idyllique, « où rien d’anormal ne s’est produit ». Manquent les paroles et les ressentis… et la présence des Congolais. Nelly, sa grand-mère adorée, n’est plus. Mais qu’y a-t-elle vu ? Au retour du Congo, un évènement grave s’est passé au sein de la famille. Nelly en a été témoin, mais une fois de plus a opté pour le silence, faisant peser une ambiance malsaine parmi ses proches. En dépliant devant nous ce matériau (photos, films, courriers), dessins au graphisme structuré, et images à l’esthétique travaillée (collages, origamis), le réalisateur, artiste pluridisciplinaire, aide à détricoter ce nœud complexe du passé colonial par le prisme du vécu familial, ce que l’on a vu mais que l’on a tu. Ce film, délicat et ludique malgré la gravité de son propos, est une invitation à ne plus détourner le regard et à oser briser le silence. (MB)


Caoutchouc rouge, rouge coltan de Jean-Pierre Griez (2018 – 32’)

L’héritage colonial belge révèle de nombreux monuments et autres pièces commémoratives à travers le pays. Elles font partie du paysage. Nous finissons par passer devant sans les apercevoir. Mais en investiguant plus longuement, certains de ces édifices cachent une douloureuse et trompeuse histoire. C’est en partant de ce constat que germe dans l’esprit de Jean-Pierre Griez l’idée de réaliser le film d’animation Caoutchouc rouge, rouge coltan. Via l’ascendance d’Abo Ikoyo, jeune étudiante belgo-congolaise qui doit réaliser un travail scolaire, le cinéaste montois relate l’histoire de la colonisation du Congo par la Belgique. Mais celle que l’on ne raconte justement pas dans les écoles, celle oubliée dans les manuels. Les violences de l’époque du roi Léopold II, le travail forcé, la barbarie de l’armée coloniale, le massacre dans la mine de Tshamakele. Et aussi l’indépendance, la dictature de Mobutu et l’assassinat de Patrice Lumumba. Une tragique ligne du temps recouverte de caoutchouc, matière élastique, essentielle pour la fabrication des pneus. Et jonchée de coltan, source précieuse pour la création de téléphones et d’ordinateurs portables. Deux minerais qui ont été et sont la source de nombreux conflits. Deux balises comme points de départ et lignes d’arrivée de l’arbre généalogique de cette adolescente. Un docu-fiction en stop-motion. Un format animé pour faciliter le débat autour de cette histoire compliquée et méconnue. (StS)


Un cycle d'Emmanuelle Bollen, Catherine De Poortere, Philippe Delvosalle, Simon Delwart et Stanis Starzinski – Médiathèque nouvelle

image :  "La Mémoire de Nelly" de Nicolas Wouters (prod. Atelier Graphoui)

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