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image floue du fleuve Jourdain dans le film documentaire "Deux fois le même fleuve" d'Amir Borenstein et Effi Weiss - (c) CVB (Centre vidéo de Bruxelles)

Eau (1) : fleuves, rivières, étangs en cinq films

Une sélection thématiques de films visibles sur laplateforme.be

À l’occasion de l’édition namuroise du festival pluridisciplinaire Agir pour l’eau et les fleuves, cinq longs métrages entre documentaires et fictions suivant les méandres du Danube, du Jourdain ou du Mississippi ou plongeant dans les eaux d’une rivière du Frioul ou d’un étang de la région liégeoise
image floue du fleuve Jourdain dans le film documentaire "Deux fois le même fleuve" d'Amir Borenstein et Effi Weiss - (c) CVB (Centre vidéo de Bruxelles)

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Le site laplateforme.be est la vitrine de promotion des films de la Fédération Wallonie-Bruxelles à destination des secteurs socioculturel et pédagogique.


Annik Leroy : Vers la mer (1999 – 87’)

Ce que fait le fleuve, nul homme ne le sait — .
image du Danube dans "Vers la mer" d'Annik Leroy - (c) Centre de l'audiovisuel à Bruxelles (CBA)

C’est par ces mots quelque peu mystérieux prononcés par une vieille dame de la Forêt-Noire que le film entame un long périple de près de 3 000 kilomètres le long du Danube. Avec le fleuve pour seul guide, ce road movie élaboré sur plusieurs années traverse les frontières politiques de l’Europe d’ouest en est, depuis l’Allemagne, où il prend sa source, jusqu’à son embouchure en mer Noire (Roumanie), en passant par l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie.

De manière récurrente, des images sans commentaires qui captent quelque chose de l’atmosphère des lieux bordant le Danube apparaissent, conférant au film une tonalité singulière, contemplative, dont le récit impressionniste se tisse au hasard des rencontres : celles avec les paysages, filmés par tous les temps et en toutes saisons, et celles avec les hommes et les femmes, le long du fleuve ou dans les villes, qui témoignent d’une part de leur vécu. Le film n’adopte pas pour autant une démarche sociologique ; il apparaît comme une approche sensorielle de territoires et de personnes qui les peuplent, entre rêverie et observation du réel, à l’instar de ces voix aux langues étrangères qui s’entremêlent, nous faisant comprendre que nous passons les frontières.

Bien que ces rencontres fugaces soient réalisées par petites touches, il se dégage une attention et une écoute soutenues aux lieux et aux personnes, dans une démarche à la fois poétique et politique, comme celles que pourrait consigner tout voyageur ou voyageuse sensible, curieux.se et humaniste parcourant des chemins étrangers en quête de ce qui nous relie au monde, par-delà les frontières. [MR]

Amir Borenstein et Effi Weiss : Deux fois le même fleuve (2013 – 110’)

image du film documentaire "Deux fois le même fleuve" d'Amir Borenstein et Effi Weiss - (c) Centre vidéo de Bruxelles (CVB)

En 1869, l’aventurier écossais John McGregor entame un voyage exploratoire en canoë, des sources du Jourdain au lac de Tibériade (1869), consignant un tas de détails dans un journal de voyage.

Guidés par ce journal, Effi Weiss et Amir Borenstein, Israéliens de « l’extérieur » basés à Bruxelles, entament un road movie durant un été, au milieu de décors mythiques où hommes, femmes et paysages sont marqués par la politique, la religion et l'histoire. Au fil de rencontres avec des vacanciers, les cinéastes nous plongent dans un périple plein de trouvailles visuelles, de traits d’humour et d’esprit, s’interrogent et interrogent ce qui fonde la perception d’un lieu, nous renvoyant par là à notre propre rapport aux racines.

Une grande partie de ce voyage sur l’eau en canots gonflables ou en kayaks est propice aux rêveries comme aux réflexions sérieuses, quitte à jouer les trouble-fête lorsque les cinéastes conversent avec des estivants venus se détendre et se rafraîchir sur les bords du fleuve : ils les interrogent sans détour sur de « vrais sujets » tels que le lien au pays, l’identité, l’appartenance à une terre…

À de multiples reprises, le désarroi des cinéastes est exposé et, bien qu’il y ait de la mise en scène dans leurs moments de réflexion, le fond, bien réel, nous interpelle ; on les voit et on les entend travaillés par des sentiments contradictoires, notamment lorsque la question de la normalité est évoquée. Il y a quelque chose à voir avec une certaine norme en Israël, constatent-ils, comme un noyau idéologique qui ne peut encore être dépassé. C’est sans doute pour cela que certaines personnes avec lesquelles ils dialoguent ne les trouvent pas « normaux ». « Peut-être qu’on n’est simplement plus d’ici », dit Amir Borenstein, quelque peu troublé. [MR]

Sofie Benoot : Blue Meridian (2010 – 80’)

une femme de dos devant le fleuve Mississippi dans le film documentaire "Blue meridian" de Sofie Benoot - (c) Auguste Orts

Qu’est-ce qui relie Le Caire et Venise ? Lorsqu’on pose la question en anglais et que l’on fait référence à Cairo dans l’Illinois et Venice en Louisiane, la réponse est donnée par l’un des plus longs fleuves de l’Amérique du Nord : le Mississippi. En 2007, la jeune cinéaste belge, alors âgée de 22 ans, avait ausculté pour son film de fin d’études la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Trois ans plus tard, pour son premier film professionnel, un peu comme Annik Leroy avait suivi le Danube en 1999 (cf. Vers la mer, ci-dessus) ou comme le grand documentariste américain Robert Kramer avait emprunté la route qui parcourt les États-Unis du Nord au Sud en 1989 (Route One / USA), elle suit le grand fleuve du sud des États-Unis, de sa confluence avec le Missouri jusqu’à son embouchure, là où il se jette dans le golfe du Mexique. Ici aussi, ce sont les rapports du paysage et des destins singuliers et collectifs qui intéressent la réalisatrice. Elle associe de manière très rigoureuse une série d’éléments récurrents (des travellings sur les paysages, des plans fixes sur les humains rencontrés ; des prises de paroles, des prêches, des blues, des interviews et des moments musicaux), filmés et montés avec aplomb et jusqu’au-boutisme, et assez riches et variés pour ne pas susciter l’ennui des spectateurs et spectatrices. Le paysage et les témoignages portent les traces récentes de la crise financière (dite « des subprimes ») de 2007-2008, de l’ouragan Katrina (1998), du déclin économique et démographique… La religion est omniprésente et les vieux souvenirs de la guerre de Sécession, de l’esclavage, du racisme, de la ségrégation, des rapports conflictuels entre le sud et le nord du pays sont loin d’appartenir uniquement à l’histoire ancienne. [PD]

Alessandro Comodin : L’Été de Giacomo (2011 – 78’)

deux jeunes gens dans une rivière du Frioul (Italie) dans "L'Été de Giacomo" d'Alessandro Comodin - (c) Centre de l'audiovisuel à Bruxelles (CBA)

Pour son premier long métrage, le réalisateur italien passé par l’INSAS filme dans une approche très sensualiste deux corps de jeunes gens dans la chaleur de l’été du Frioul. Comodin est un cinéaste qui croit en la possibilité d’émerveillement et d’étonnement du cinéma, ne se sent pas obligé d’expliquer, de prendre son public par la main… Au cours d’une longue introduction, Giacomo, jeune homme malentendant, et son amie Stefania progressent dans la forêt : ils poussent un vélo, le cachent dans un fourré, poursuivent à pied, se retrouvent à avancer dans un chemin inondé, pour finir par atteindre une rivière qui prend des airs de lagon tropical. Seuls au monde, ils nagent, jouent, se balancent des mottes de sable mouillé, grelottent… Et le cinéaste et son équipe captent tout cela avec une attention extrême aux moindres frémissements des sens : les sons de l’eau, la lumière qui perce à travers les arbres, presque les odeurs ou la chaleur du soleil sur la peau… [PD]

Luc et Jean-Pierre Dardenne : Rosetta (1999 – 99’)

Émilie Dequenne au bord de l'étang dans "Rosetta" de Luc et Jean-Pierre Dardenne -(c) Les Films du Fleuve

Une fois franchie la clôture du camping, Rosetta change ses souliers contre une paire de bottes. Pas d’argent, une mère alcoolique, rien à manger : si la misère est un état, agir est sa négation. Ce point de vue, c’est celui de la jeune fille au dos de laquelle se colle la caméra tandis que les lieux, éléments de réel plus que décors, se chargent de toutes les significations. Deux scènes clé se déroulent au bord de l’étang où Rosetta vient pêcher des truites, deux grands moments dramatiques dans une intrigue qui refuse le romanesque. La première montre Rosetta en panique, happée par la vase alors que sa mère se détourne après l’avoir précipitée dans l’eau. Deuxième temps, c’est Rosetta qui à son tour tente de faire perdre pied à un jeune homme disposé à l’aider et dont elle convoite l’emploi. Piège marécageux, l’étang est ce point limite de la dignité exacerbée et de la faim (« ne pas mendier »). Ce qui se joue à cet endroit, l’abandon, le désespoir meurtrier, le sursaut de conscience, s’agrège et se confond à une succession de données concrètes qui visent avant tout à faire ressentir ce que Rosetta traverse, physiquement et moralement. [CDP]

Un cycle de Catherine De Poortere, Philippe Delvosalle et Marc Roesems – Médiathèque nouvelle

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La première édition belge du festival Agir pour le vivant, consacré aux questions environnementales, se déroulera du 12 au 15 juin 2025 au Delta (Namur) ! Son fil rouge : l’eau. À la confluence de la Sambre et de la Meuse, conférences, débats et créations questionnent notre rapport à cet élément naturel redevenu crucial avec le dérèglement climatique, afin de repenser sa gestion et sa préservation.

https://www.ledelta.be/evenements/agir-pour-leau-et-les-fleuves/

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