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Vêtements en pagaille sur le sol

Fast Fashion

Fast fashion, c’est l’éclat des vitrines et la séduction des tendances, mais aussi l’envers d’un système où le vêtement se consomme aussi vite qu’il s’oublie.

Cette médiagraphie interroge ce que nos habits disent de nous : de la valeur du textile aux logiques du jetable. Elle explore qui décide de ce que nous portons, le devenir de nos vêtements, et comment repenser circuits et durabilité. À travers les cinémas documentaire et de fiction et un album de musique pop, elle invite à voir la mode comme récit collectif et choix de société.
Vêtements en pagaille sur le sol

Arcade Fire : Everything Now (2017)

Avec Everything Now, Arcade Fire propose une fresque pop critique sur l’hyperconsommation et l’obsession du “tout, tout de suite”. Derrière ses rythmes dansants, ses mélodies disco et ses refrains accrocheurs, l’album dénonce l’accumulation et le vide qu’elle engendre. Chaque morceau reflète une société saturée d’images, de marques et de désirs programmés, où le vêtement et l’objet deviennent des signes à remplacer sans cesse. Le disque adopte une esthétique volontairement brillante, presque publicitaire, pour mieux en révéler les contradictions. C’est une oeuvre miroir : séduisante à l’oreille, mais implacable dans sa critique d’un système qui transforme l’identité en marchandise. (LH)

EVERYTHING NOW

ARCADE FIRE
XA652Z
Rock, pop, electro
EVERYTHING NOW de ARCADE FIRE

Phantom Thread (2017) de Paul Thomas Anderson

L’intérêt de Paul Thomas Anderson pour la mode prendrait sa source dans la biographie d’un certain Charles James, créateur anglo-américain connu pour ses fameuses robes de bal, dont serait librement inspiré le personnage fictif de Reynolds Woodcock. Pour autant, Phantom Thread semble produire une espèce de sociotype : le styliste masculin, par la nature intrinsèque de son métier, tend à opérer un contrôle obsessionnel sur le corps des femmes qui évoluent dans son orbite. Une telle emprise est traduite dans la mise en scène de l’acte de coudre lui-même par autant de gestes de calibration et de contrainte. Les essayages y sont filmés comme des rituels d’ajustement où corsetterie et ourlets sculptent le modèle selon la vision d’un démiurge duquel Paul Thomas Anderson se distancie de façon critique. (SD)

PHANTOM THREAD

Paul Thomas ANDERSON
VP1649
Cinéma de fiction
PHANTOM THREAD de Paul Thomas ANDERSON

Made in Bangladesh (2019) de Rubaiyat Hossain

« Nous sommes des femmes. Fichues si l’on est mariées, fichues si on ne l’est pas. » Cette réplique cinglante de Shimu, protagoniste de Made in Bangladesh, résume l’étau qui étouffe les femmes bangladaises. Librement inspiré de l’histoire vraie de Daliya Akhtar Dolly, le film de Rubaiyat Hossain suit le parcours de cette ouvrière du textile à Dacca, qui, après avoir fui un mariage forcé à 11 ans, ose braver les interdits pour fonder le premier syndicat féminin du pays. Dans un secteur qui emploie 4,5 millions de personnes, majoritairement des femmes, ces dernières demeurent prisonnières d’un système à deux visages : d’un côté, des conditions de travail harassantes et des revenus indignes ; de l’autre, un ordre social patriarcal qui contredit jusqu’aux lois censées les protéger. Un regard sans détour sur ces existences du Sud global, prises dans l’engrenage de notre surconsommation mondialisée. (DBF)

MADE IN BANGLADESH

Rubaiyat HOSSAIN
VM3241
Cinéma de fiction
MADE IN BANGLADESH de Rubaiyat HOSSAIN

Saint Laurent (2014) de Bertrand Bonello

Selon Andy Warhol, la mode serait aussi éphémère que la publicité : c’est du moins ce qui transparaît d’une correspondance épistolaire entre l’artiste américain et Yves Saint Laurent, mise en scène par Bertrand Bonello. À ce titre, le couturier n’est pas figuré comme un artiste coupé du monde, mais comme un créateur bel et bien pris dans une machine médiatique. Le recours aux split-screens et aux surimpressions prolonge l’idée warholienne de prolifération des images. En définitive, le cinéaste montre l’art du modéliste comme conçu pour être vu, reproduit, commenté, donc in fine consommé. En conséquence, les scènes d’apparat sont systématiquement suivies d’un contre-champ où solitude, toxicomanie et épuisement des corps sont ainsi crûment figurés. (SD)

SAINT LAURENT

Bertrand BONELLO
VS1769
Cinéma de fiction
SAINT LAURENT de Bertrand BONELLO

China Blue (2005) de Micha X. Peled

Au début des années 2000, en Chine, plus de 130 millions de paysans, majoritairement de jeunes femmes, ont quitté leur village pour chercher du travail dans l’économie mondialisée. Ces travailleurs constituent le plus grand réservoir de main-d’oeuvre bon marché au monde et fabriquent vêtements et autres produits du quotidien destinés aux consommateurs occidentaux.

À travers le portrait de Jasmin, une jeune ouvrière qui a quitté sa campagne pour pouvoir travailler dans une fabrique de jeans de la banlieue de Canton, le film montre concrètement la pression qu'exerce notre modèle économique qui, sous couvert d'en vouloir toujours plus, plus vite et moins cher, cautionne directement les conditions de vie et de travail désastreuses de nombreuses usines chinoises. (MR)

Note : ce film a été réalisé en grande partie de manière clandestine ; le tournage a été fréquemment interrompu par les autorités chinoises. L’équipe a été arrêtée et interrogée, les cassettes confisquées.

CHINA BLUE

Micha X. PELED
TL1901
Documentaires
CHINA BLUE de Micha X. PELED

Useless (2007) de Jia Zhang-ke

Ce film composite sans commentaire dans lequel se succèdent approche sociologique, portrait documentaire et film choral, se présente comme un instantané de la Chine d’alors, dont le thème central est le travail du textile. Useless, au déroulé « marabout-bout-de-ficelle », nous conduit d'une usine de Canton à un petit village minier dans le monde du vêtement avec pour fil conducteur la styliste Ma Ke, qui a lancé la première marque chinoise de haute couture, « Wu Yong », qui signifie « Inutile ». Sa réflexion de créatrice oppose à la fabrication industrielle de masse et standardisée une vision spiritualiste du vêtement, intégrant l’émotion, la mémoire, la nature et la tradition par un artisanat habile.

Dans la dernière partie du film, après un passage à Paris durant la semaine de la mode automne-hiver 2007 où Ma Ke présente sa collection, la styliste cède la place à des personnes ordinaires dans un village aux alentours de Fenyang (ville natale du cinéaste), dont les points de rencontre sont de petits ateliers de couture. Ils et elles incarnent une autre Chine, pauvre, abîmée, loin d’être « performante » et sans aucune possibilité d’émancipation. Au risque de surinterprétation, peut-être est-ce de là aussi que le titre du film prend tout son sens critique… (MR)

Note : Jia Zhang-ke est un cinéaste indépendant dont la plupart des films sont interdits de diffusion en Chine.

USELESS

Zhangke JIA
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Documentaires
USELESS de Zhangke JIA

En attendant le Carnaval (2019) de Marcelo Gomes

Né à Recife, le cinéaste vient régulièrement dans la région rurale de l’Agreste (Nordeste, Brésil) d’où sa famille est originaire. C’est là qu’il est un jour frappé par la transformation sauvage d’une petite ville, Toritama, surnommée la « capitale du jean ».

Chaque année, dans ce microcosme du capitalisme mondial, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des « factions » (usines de fortune ou d’arrière-cour). Les gens du pays travaillent sans arrêt et sont fiers de leur autonomie. Chose surprenante, les habitants adorent prendre des vacances pendant le Carnaval, transgressent la logique de l’accumulation de biens et vendent des affaires acquises au cours de l’année pour célébrer cette période sur les plages voisines.

C’est dans ce grand écart entre le regard critique du cinéaste sur la concrétisation d’un projet néo-libéral et, visiblement, la satisfaction des personnes sur leurs conditions de travail, que se situe l’intérêt et la difficulté du film : rendre compte d’une réalité bien plus complexe qu’imaginée au départ sans « victimiser » qui que ce soit apparaissant à l’image. (MR)

EN ATTENDANT LE CARNAVAL

Marcelo GOMES
TL3460
Documentaires
EN ATTENDANT LE CARNAVAL de Marcelo GOMES

Slow Down (2023) du collectif Extérieur Jour

Je n’ai rien à me mettre ! Voilà notre impression, alors même que notre armoire est remplie de vêtements achetés parfois sur un coup de tête et sans s’interroger sur leur origine ! Ce court métrage se penche sur des alternatives à nos modes de fonctionnement et nos priorités. Slow Down dresse le portrait de quelques créateur·rices de vêtements recyclables et produits localement, dans un climat de confiance entre les intervenants. Dans un tourbillon de tissus colorés, nous faisons la connaissance de Valérie Berckmans, Erratum Fashion by Siré Kaba et Mosaert. Un point commun rassemble ces marques de prêt-à-porter bruxelloises : le respect des conditions de travail et une rémunération à la hauteur pour ces orfèvres de l’habillement… Consommer moins et éthiquement est possible, même si cela a un coût. (MB)

En accès libre ici.


Open Secret : la mode Made in UK (2022) de Valentin Fayet, Anne-Sophie Guillaume et Cecilia Guypen

Leicester (Angleterre), ville autrefois reconnue internationalement pour son savoir-faire textile (bonneterie et chaussure) et qui prétendait « habiller le monde », connut un déclin industriel à la fin du 20e siècle. Aujourd’hui, le travail du textile y est toujours présent mais sous une forme moderne d’esclavage, qui se cache derrière les murs délabrés de nombreuses usines jadis florissantes. La fast fashion alimente cette industrie qui fournit des commerces en ligne comme Boohoo et ses filiales. Malgré des scandales à répétition révélés par des enquêtes et des emballements politico-médiatiques qui s’ensuivent, la situation ne change guère. Les ouvriers – en majorité issus de la communauté indo-pakistanaise – sont toujours sous-payés, travaillent de jour comme de nuit avec des heures supplémentaires non rémunérées et n’ont pratiquement droit à aucune pause. Le film suit le travail de Labour Behind the Label, une organisation qui tente durement de faire valoir les droits et le respect des travailleurs du textile de manière durable. (MR)

En accès libre sur le site de Zin TV


La Vie d'une petite culotte et de celles qui la fabriquent (2018) de Stéfanne Prijot

Trop peu de gens lisent les étiquettes de leurs vêtements. Lorsqu’ils le font, ils sont souvent bien en peine de découvrir leur origine réelle. Stéfanne Prijot aborde la question à la source et remonte le fil pour retracer le parcours d’une petite culotte, des champs de coton d’Ouzbékistan aux boutiques belges, à travers une succession d’étapes, chacune marquée par une forme dramatique d’exploitation des travailleurs, et surtout des femmes. Le film expose la pression imposée par la mondialisation sur chaque maille de la chaîne : la culture du coton par le travail forcé de la population en Ouzbékistan, le filage par des femmes maintenues en semi-captivité dans des usines en Inde, les luttes des ouvrières textiles en Indonésie pour obtenir un salaire et des conditions de travail décentes. (BD)

Une médiagraphie réalisée par les médiathécaires Dany Ben Felix, Manu Bollen, Simon Delwart, Benoit Deuxant, Loïc Holzemer et Marc Roesems.

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