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Histoires vraies au cinéma (sunset-Image par Gerd Altmann de Pixabay)

Histoires vraies au cinéma

Les films inspirés de faits réels occupent une place singulière au cinéma, brouillant les frontières entre fiction et réalité. Ils donnent vie à des événements historiques, des destins parfois méconnus ou des drames intimes, et font résonner ces récits avec notre propre époque. Mais adapter le réel, c’est aussi le transformer : choix narratifs, simplifications, dramatisations… autant de filtres qui interrogent l’éthique de la mise en scène. Ces œuvres peuvent éclairer, réhabiliter, mais aussi figer une vision partielle ou orientée. Ce flou entre documentaire et fiction, aussi riche qu’ambigu, appelle à la vigilance. Car derrière chaque "histoire vraie" filmée se cache une construction subjective — une vision du monde, plus qu’un simple reflet du réel.
Histoires vraies au cinéma (sunset-Image par Gerd Altmann de Pixabay)

Une médiagraphie réalisée par Médiathèque Nouvelle en association avec le B3, Centre de ressources et de créativité de la Province de Liège, destinée à accompagner l'activité Café Ciné sur ce thème.


Justine Triet : La bataille de Solférino (2013) – VB1332

Le premier long métrage de Justine Triet se déroule sur une seule journée, celle du second tour des élections présidentielles de 2012, qui oppose François Hollande et Nicolas Sarkozy. Le film mêle habilement images d’archives et scènes de fiction pour créer un effet de temps réel. Il nous fait suivre une journaliste prise entre une couverture politique intense et une garde d’enfants chaotique. Le rythme est tendu, sans pause, et donne au spectateur l’impression de vivre les événements à mesure qu’ils se déroulent, dans un mélange de drame intime et d’effervescence collective. (PPH)


Nicolas Winding Refn : Bronson (2008) – VB0864

Tirer le portrait de Charlie Bronson ne pouvait que tomber sous le regard averti de Nicolas Winding Refn : en effet, l’obsession du personnage à vouloir être célèbre par la castagne convient bien au réalisateur qui sait montrer la violence de façon brute (Pusher) ou avec un esthétisme presque poétique (Drive). La brutalité est montrée sans concession dans un cadre fantasmagorique. Le choix du biopic, raconté par Bronson dans un one-man-show, rappelle aux spectateurs que les propos concernent le protagoniste et que l’esthétisme reflète la vision édulcorée de sa propre histoire. (HG)
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Peter Jackson : Créatures célestes (1994) – VH1142

Pour adapter un fait divers qui a marqué la Nouvelle-Zélande en 1954, Peter Jackson se base sur le journal d’une des deux adolescentes dont l’amitié fusionnelle s’est vue brimée par leurs parents et la société. La mise en images du monde imaginaire créé par les deux amies donne lieu à des scènes virevoltantes où elles déversent leurs fantasmes et leurs peurs. Ce refuge se confond de plus en plus avec la réalité et nous fait percevoir la folie qui les mènera à poser un acte aussi absurde que violent. Une tentative désespérée et naïve de ne pas être séparées l’une de l’autre. (JH)
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Xavier Beauvois : Des hommes et des dieux (2010) – VD0619

Des hommes et des dieux fait écho à une situation géopolitique qui se tend sous couvert de conflit civilisationnel larvé. Réalisé par Xavier Beauvois, le film s’inspire librement de l’assassinat, en 1996, des moines trappistes du monastère de Tibhirine lors de la guerre civile algérienne. Revendiqués par une organisation terroriste islamiste, les meurtres sont éludés par le cinéaste, lequel s’intéresse davantage à la psychologie de ses protagonistes, tiraillés entre instinct de survie et sens du devoir vis-à-vis des autochtones. Le tout ponctué de scènes de prières, d’offices religieux et de repas, amenant par-là une dimension documentaire à la fiction. (SD)


Gus Van Sant : Elephant (2003) – VE3035

Quelques années après la tuerie de Columbine qui fit treize victimes, Gus Van Sant réalise une fiction à partir de ce tragique fait divers. Mais au lieu d’expliquer le circuit qui va amener à ce désastre, il préfère capter des fragments qui constituent le quotidien de chaque élève. Il laisse tourner la caméra et on les observe dans leurs moments qui se développent normalement. Une banale tranche de vie. On apprend à les connaître en les regardant à l’intérieur de leur lycée, coupés de la violence qui se rapproche. Une démarche documentaire qui nous questionne sur les raisons de ce drame. (StS)
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Laurent Cantet : L’emploi du temps (2001) – VE4441

Le long métrage de Laurent Cantet se démarque de la sordide histoire de Jean-Claude Romand, faux médecin condamné à perpétuité pour avoir tué tous les membres de sa famille après avoir menti durant plus de quinze ans sur sa carrière professionnelle, tout en escroquant son entourage. Le cinéaste privilégie plutôt l’errance d’un personnage. Le quotidien d’un homme normal, ordinaire, qui régule son emploi du temps rempli de vide, de choses qu’il ne fait pas, d’objectifs qui ne se matérialiseront jamais. Excepté l’effroyable dispositif qu’il mettra en place quand son mensonge sera découvert. (StS)


Cédric Jimenez : La French (2014) – VF0936

Ce film retrace le combat du juge Pierre Michel contre le réseau de drogue de la French Connection, mené par le parrain Gaëtan Zampa. Ancré dans le Marseille du début des années 1980, le long métrage s’appuie sur un contexte politique complexe marqué par une mairie souvent complaisante avec le grand banditisme. Les faits s'enchaînent avec une grande justesse historique et le soin porté aux décors et aux costumes contribue largement à dépeindre avec réalisme la nature des conflits qui s'enracinent aux abords de la cité phocéenne. (PPH)
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Alan J. Pakula : Les hommes du président (1976) – VH0049

Pour Alan J. Pakula, raconter des faits réels exige plus de rigueur que de mettre en scène une fiction. Dans Les Hommes du président, il accumule les détails réalistes sans tomber dans les codes du documentaire, écartant le noir et blanc et donnant à la machine à écrire une présence presque organique. Son œuvre met en lumière l'importance du journalisme d'investigation, incarné par le duo Redford/Hoffman, deux reporters obstinés qui remontent la piste du scandale du Watergate. Dans la scène finale, Pakula oppose de manière emblématique l’hypocrisie du pouvoir à la détermination discrète de ceux qui cherchent la vérité. (DBF)
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Sean Penn : Into the wild (2007) – VI0132

Pour sa quatrième réalisation, Sean Penn adapte le périple de Christopher McCandless, un jeune homme décidant de partir à l’aventure, loin du confort du monde moderne. À travers son récit fait de nombreux flashbacks, Sean Penn met en lumière la personnalité complexe du jeune aventurier à la fois sociable et solitaire. Les longs silences entrecoupés par la musique délicate d’Eddie Vedder, ou encore l’alternance de plans serrés sur les visages et les corps et ceux, larges, magnifiant la nature traduisent à merveille la place de l’humain dans un environnement qu’il ne peut apprivoiser. (MA)
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Bong Joon-ho : Memories of Murder (2003) – VM1475

On ne doit pas attendre de Bong Joon-ho qu’il retranscrive scrupuleusement la réalité, bien que Memories of Murder soit sans doute l’un de ses films les plus naturalistes. C’est à travers une représentation truculente de l’institution policière que le cinéaste choisit de reconstituer l’histoire des premiers meurtres en série survenus entre 1986 et 1991 en Corée du Sud. Davantage conçu comme une satire des forces de l’ordre que comme un véritable polar, le film laisse entrevoir la propension du cinéaste à mettre en exergue les antagonismes locaux, en l’occurrence la ligne de fracture entre urbanité et ruralité. (SD)
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Tom McCarthy : Spotlight (2015) – VS1919

Spotlight s’inscrit dans la tradition des films d'investigation comme Les Hommes du président, mais avec une sobriété encore plus stricte. McCarthy filme ici le travail journalistique avec une mise en scène dépouillée : pas de musique dramatique, pas de héros charismatiques, seulement des visages fatigués et des dialogues qui s'accumulent en un faisceau d'indices accablants. Le film retrace le travail méticuleux du journal Boston Globe qui révéla en 2002 le scandale des prêtres pédophiles. Un thriller sobre où la tension naît de l'accumulation méthodique des preuves. (DBF)
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Robert Enrico : Le vieux fusil (1975) – VV2977

Ce long métrage, porté par Philippe Noiret et Romy Schneider, s’inspire de la tragédie d’Oradour-sur-Glane, village martyr où une unité SS massacra la population en 1944. Le film mêle la douceur d’une vie familiale révolue à la brutalité d’une vengeance solitaire. À travers les souvenirs tendres du passé, la nostalgie s’installe, rendant l’horreur du présent encore plus insoutenable. La quête de justice du personnage principal devient alors une réponse viscérale à une violence absolue, sans pathos inutile, mais avec une intensité bouleversante. (PPH)
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Une médiagraphie de Médiathèque Nouvelle réalisée par Michaël Avenia, Pierre Baps, Dany Ben Félix, Simon Delwart, Henri Gonay, Jérôme Henry, Pierre-Philippe Hofmann et Stanis Starzinski.

© : Sunset-Image par Gerd Altmann de Pixabay


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