Podium : le pouvoir du sport

Cette sélection a été réalisée dans le cadre de l’exposition Podium : le pouvoir du sport, présentée par Les Territoires de la Mémoire ASBL à la Cité Miroir à Liège, de décembre 2025 à mai 2026.

Médiagraphie

Zar Amir Ebrahimi : Tatami (2023) – VT1082

Largement inspiré par le vécu de plusieurs athlètes iraniennes ayant défié l’autorité patriarcale de leur pays (comme la grimpeuse Elnaz Rekabi par exemple), Tatami est une véritable ode à la liberté des femmes. Utilisant un format 4/3 et un noir et blanc très stylisé, le film se tient quasi exclusivement dans un seul lieu. Tout ceci traduit au mieux l’enfermement vécu par la judokate. Le choix du judo n’est pas un hasard : à la fois art martial mais aussi et surtout discipline fondée sur le respect et l’échange avec l’autre, ce sport est en soi une belle métaphore de ce que vit la judokate. (MA)

Gilles Lellouche : Le grand bain (2018) – VG0698

Second long métrage réalisé par Gilles Lellouche, Le grand bain fut à sa sortie une belle surprise. Cette comédie douce-amère suit une galerie de personnages en pleine déroute, personnelle et sociale. C’est au travers d’un sport a priori féminin, la nage synchronisée, que ces cinquantenaires désabusés vont retrouver à la fois leur dignité d’êtres humains mais aussi leur place au sein d’un groupe social. (MA)

Hugh Hudson : Les chariots de feu (1981) – VC3042

Porté par la musique désormais culte signée Vangelis, Les chariots de feu est une œuvre à la fois élégante et maitrisée où le sport (et plus précisément la course à pied) est l’élément catalyseur à la fois rassembleur et source de rivalités. À travers la concurrence des deux athlètes (l’un de confession juive et l’autre missionnaire protestant), le film brasse plusieurs thématiques comme la ferveur religieuse, le nationalisme ou encore l’antisémitisme. Paradoxalement, l’adversité sportive sera l’élément fédérateur et la lueur humaniste au bout du tunnel. (MA)

Régis Wargnier : La ligne droite (2011) – VL1068

Souvent peu présenté comme tel, le sport peut également se muer en outil de réinsertion sociale. Dans La ligne droite, c’est cet aspect peu connu qui est ici mis en lumière. A travers cette histoire de guide d’aveugle dans le sport, c’est donc aussi le thème du handicap que le réalisateur traite en parallèle. Et si la réalisation s’avère peu audacieuse, l’intérêt n’en est pas moindre ; le film aborde à travers ces thématiques croisées d’autres sujets comme le dépassement de soi ou encore les rapports hommes-femmes. (MA)

Darren Aronofsky : The Wrestler (2008) – VW0072

Sorte de biopic métaphorique de l’acteur Mickey Rourke, cette fable sportive signée Darren Aronofsky fait l’économie d’effets visuels tapageurs et se concentre sur l’essentiel : son acteur principal. A l’instar du cinéma où le spectateur adhère tacitement au contrat par lequel il accepte l’illusion de la fiction, le catch relève de la même complicité entre les acteurs/sportifs et le public. The Wrestler est une œuvre intimement liée à son public. À la manière d’une religion, il n’existe qu’au travers de la foi qu’on lui porte et dévoile avec force et humilité les joies et les faiblesses de ce qu’il représente. (MA)

Cédric Klapisch : En corps (2022) – VE0834

La danse a toujours été un entre-deux : à la fois discipline sportive et artistique, elle demande aux corps rigueur physique et justesse émotionnelle. Pour le cinéma, filmer ces athlètes/artistes en mouvement n’a jamais été chose aisée. Cédric Klapisch relève le défi haut la main. Maîtrisée et délicate, sa mise en scène s‘efface et laisse aux danseurs et danseuses le soin de raconter par leurs impulsions corporelles cette histoire d’émancipation et de liberté retrouvée. La chorégraphie de Klapisch fait mouche ! (MA)

Gunhild Westhagen Magnor : Les Optimistes (2013) – TK2840

Il y a de la malice dans leurs yeux, de la concentration aussi, de la déception parfois, mais le plus souvent de la joie, celle de partager une même passion pour le volley. Elles ont entre 66 et 98 ans, et appartiennent au seul club de volley pour personnes âgées en Norvège. Elles jouent entre elles jusqu’au jour où surgit l’idée de rencontrer une autre équipe. Le défi est de taille : d’abord, trouver l’adversaire. Ce sera une équipe masculine sénior de Suède. Ode à la persévérance, au collectif, ce film parle aussi du temps qui passe, de l’âge qui marque les corps, et qui rendent cet exploit sportif d’autant plus intriguant. (SI)

Jacques Ertaud : Les Rendez-vous de l’été (1966) – TK3275

Ce qui est filmé ici, ce n’est pas une compétition, mais les entrainements de l’équipe de France masculine d’athlétisme en vue des Championnats du monde. Ertaud et son équipe captent les gestes, cadrent les mains, les pieds, les regards et les visages. En plus de proposer une esthétique très travaillée, le film est aussi très bien monté ; les images ne sont pas juste splendides dans leur immobilité, mais aussi – surtout – dans l’écoulement du temps, dans leur rythme, leur enchainement. La voix off du film traduit une attention particulière à la fois assez scientifique (presque anthropologique) et poétique d’Ertaud vis-à-vis de ces sportifs. (PhD)

Dexter Fletcher : Eddie The eagle (2016) - VE0702

Le film raconte l'histoire vraie de cet anti-héros, Michael "Eddie" Edwards, qui a maintenu sa foi en lui-même, même lorsque le Comité national olympique britannique doutait de lui. Ce sauteur à ski hors du commun va secouer le monde du sport et captiver le cœur du public en réalisant une performance olympique aussi inattendue qu'exceptionnelle. Eddie the Eagle illustre l’accomplissement d'un outsider déterminé à réaliser son rêve malgré les moqueries. Comme le rappelait Pierre de Coubertin, "Le plus important aux Jeux olympiques n’est pas de gagner mais de participer. Car l’important dans la vie ce n’est point le triomphe mais le combat (…)". (DBF)

Laurent Bouit : Champions factory (2015-2016) – TK0731

À travers la détection, la formation et l'émergence des futurs champions, chacun des six films de la série s'attache à décrypter les liens culturels qui unissent un sport à une nation. Boxe à Cuba, natation en France ou encore course à pied en Ethiopie, Laurent Bouit part à la rencontre de sportifs et sportives et à travers les interviews menées, il explore les contextes socio-politiques de chaque pays qui ont permis le développement de certaines disciplines sportives ainsi que la structuration, étatique ou non, des fédérations compétentes. (MA)

John Huston : A nous la victoire (1981) – VA4686

Adapté du film Deux mi-temps en enfer de Zoltan Fabri, le film de John Huston réussit l’exploit de réunir acteurs de talent et footballeurs de réputation mondiale (dont le belge Paul Van Himst). Le match qui opposera prisonniers alliés et soldats allemands résonne inévitablement comme un acte de résistance face au péril nazi. D’abord prétexte à une évasion, le match finit par galvaniser les joueurs (et le public) et prend le pas sur sa finalité première. La symbolique de l’enjeu et l’honneur des nations engagées priment sur le destin de quelques-uns. (MA)

Gérard Oury : L’As des As (1982) – VA6611

Jo Carlier, ex as du premier conflit mondial est devenu, à l’issue de sa carrière de boxeur, entraineur de l’équipe de France de boxe masculine participante aux Jeux olympiques de Berlin de 1936. Baroudeur/séducteur aux méthodes peu orthodoxes, Jo va s’appuyer sur son équipe (en la forçant un peu) pour exfiltrer une famille de juifs allemands. Par ce fait, il ridiculise un régime nazi et ses sbires zélés en pleine démonstration de sa toute-puissance, et offre une image sportive en rupture de celle « respectueuse » affichée par trop de nombreuses délégations défilant à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ou lors de la remise de médailles. (YH)

Gabe Polsky : Red Army (2014) – TK3250

Dans Red Army, l’émancipation passe par le hockey sur glace. Viatcheslav Fetissov y convertit son statut de sportif vedette en celui de citoyen doté d’agentivité. Ceci passe par un bras de fer avec l’appareil d’Etat et un départ en NHL (la ligue étasunienne), autant de faits d’armes qui ouvrent la voie à ses homologues soviétiques. La forme du film l’appuie : entretiens insolents et archives exaltant la chorégraphie de Tarassov où l’individu s’affirme dans le collectif. Surveillance et hiérarchie permettent un contraste qui donne la mesure de la conquête de celui qui deviendra un personnage politique influent dans son pays. (SD)

Pierre Morath : Free to Run (2015) – TK1600

De discipline élitiste, la course à pied est devenue droit de cité, phénomène qui passe notamment par la réappropriation de l’espace public. S’intéressant à une pratique qui, lorsqu’elle est le fait du citoyen lambda, est encore jugée suspecte dans les années 1960, Free to Run suit militants et pionniers dans leur lutte contre des barrières absurdes. On pense surtout aux interdits pesant sur les femmes, considérées comme médicalement inaptes, auxquelles on interdit les longues distances. Dans sa forme, le film entremêle témoignages factuels et archives jubilatoires qui donnent à voir une foule en mouvement incarnant à la fois une conquête civique et une autonomie de l’intime. (SD)

Bibliographie

La sélection de livres a été réalisée par Jérôme Delnooz, Tamara Hannay et Michel Recloux Wiechert-Fabry.

Les ouvrages jeunesse sont disponibles en bibliothèques publiques. Les autres références sont disponibles à la Bibliothèque George Orwell des Territoires de la Mémoire

L’art d’être champion du monde

Aurore Petit - Actes sud jeunesse, 2015

Un petit livre décalé pour nous apprendre en 30 leçons (chacune illustrée par un sport différent) à devenir des champions du monde. Si les conseils en eux-mêmes sont d’apparence classique : « leçon n° 13 : croyez en votre détermination », « leçon n° 12 : soyez stratégique »… leur confrontation avec les illustrations et les exemples – factices – qui les légendent les éclairent d’un tout nouveau sens et nous invite à réfléchir, souvent par l’absurde, à ce que c’est qu’être un champion du monde.

À l’eau

Heejin Park - CotCotCot éditions, 2021

Parce que le sport, ce n’est pas qu’une affaire de compétition et de corps athlétiques, lissés et musculeux, on suit avec volupté les acrobaties aquatiques de cette petite mamie rondelette, ridée et frileuse à qui l’eau de la piscine rend, le temps d’une plongée merveilleuse, toute la légèreté de sa jeunesse. Embarqué·es par l’incroyable expressivité des illustrations, on est tout à sa joie et on envisagerait même, peut-être, d’aller soi-même faire un plongeon.

Carton Rouge

Fabrizio Silei et Maurizio A.C. Quarello - Âne bâté éditions, 2014 (épuisé)

Le sport, c’est aussi le lieu d’actions d’éclat qui donnent des récits héroïques et inspirants. Ici, l’histoire de Matthias Sindelar, star de l’équipe autrichienne de football, d’origine modeste (combien, déjà, les récits de ces ascensions sociales fulgurantes de jeunes prodiges du sport font-ils rêver ?). En 1938, un match amical oppose pour la dernière fois l’équipe allemande et l’équipe autrichienne qui, suite à l’annexion de l’Autriche, doit disparaître. Dans ce match où l’on attend de son équipe qu’elle s’incline devant l’Allemagne, Sindelar marque et gagne, faisant la fierté des Autrichiens.

Art & sport

Nicolas Martin - Palette… 2013 (épuisé)

Art et sport ne sont pas deux mondes qu’on a l’habitude de voir cohabiter. Or, c’est souvent des rencontres les plus improbables que naissent les idées lumineuses et les questions rares. Qu’est-ce que l’art nous raconte du sport ? Depuis l’Antiquité jusqu’à l’art contemporain, en passant par Monet, Klee, Picasso… La sculpture, la peinture, la photographie, les installations sont autant d’hommages et de questionnements renvoyés à la pratique sportive.

Les éditions Palette sont spécialisées dans la publication de livres d’art pour la jeunesse.

Chez les chimpanzés, il n’y a pas besoin d’arbitre

Pascal Picq - Le cherche midi, 2020

Avec la collection « Homo Ludens », de grands noms des milieux intellectuels se penchent sur le phénomène social majeur que constitue le sport, pour interroger ce qu’il raconte de notre société : l’impératif de performance dans Le sport, le diable au corps d’Isabelle Queval, la quête de vitesse par Paul Virilio dans Le sport est la propagande du progrès ou encore les rapports de domination dans le monde animal par le paléoanthropologue Pascal Picq. De belles invitations à la réflexion au croisement des disciplines.

Le sport est-il un mythe ?

Georges Vigarello - Amphora, 2023-2024

Depuis lors, cette initiative éditoriale a été prolongée par « Penser le sport avec », une collection d’entretiens au long cours, fruit de la collaboration de l’INSEP et des éditions Amphora. Dans le catalogue, à titre d’exemples, l’historien Georges Vigarello côtoie aussi bien le géographe Jean-Pierre Augustin que le philosophe Stéphane Floccari.

Mes profs de gym m’ont appris à penser

Michel Serres - Marabout, 2024

Sous la forme d’un entretien, Michel Serres, philosophe, historien des sciences… et sportif, rend hommage aux profs de gym et aux guides de haute montagne qui l’ont formé. Ce faisant, il redonne au corps une place centrale dans la formation de la pensée en marche, mouvante et adaptative comme lui.

Le boxeur

Reinhard Kleist - Casterman, 2012 (épuisé)

Ce roman graphique retrace le parcours d’Hertzko Haft, juif polonais ayant survécu aux camps de la mort nazis, notamment en boxant pour ses gardiens SS. Dans l’Allemagne d’après-guerre et dans sa nouvelle vie aux États-Unis, la boxe et la quête d’un amour perdu resteront des traits d’union avec ce passé douloureux… Une fresque dure, d’un homme plein de force de vie et de détermination, mais aussi rempli de souffrance et de culpabilité par rapport à ses actes, côtoyant des fantômes au quotidien. Inspirée d’une biographie du fils d’Hertzko , cette BD a été nominée pour le Prix Ignatz en 2014.

Générations Poing levé

Chloé Célérien, Karim Nedjari - Marabulles, 2021

Dans cette BD, Chloé Célérien, journaliste et autrice, et Karim Nedjari, directeur général de RMC, nous présentent des sportif·ves ayant mis en balance leurs privilèges « pour défendre une cause plus grande que leur statut de champion adulé ». À travers une discussion graphique non dénuée d’humour, pleine de contextualisation historique et politique, mais aussi de petites et de grandes anecdotes, les deux protagonistes nous emmènent sur les traces du boxeur Mohammed Ali, de la footballeuse Megan Rapinoe, mais aussi de personnalités moins connues chez nous telles que le footballeur Marcus Rashford ou la sumo Hiyori Kon.

Du sexisme dans le sport

Béatrice Barbusse - Anamosa, 2022

Ancienne handballeuse, Béatrice Barbusse est devenue une sociologue du champ du sport. Dans ce livre publié pour la première fois en 2016, elle montre, à partir de l’analyse de cas concrets et de son vécu, comment le sexisme s’est arrimé au monde sportif, et comment il abîme les personnes… majoritairement les femmes, mais aussi des hommes. Depuis quelques années, l’autrice constate des avancées, mais également des stagnations dans le chemin vers le changement et la parité. Une lecture toujours bel et bien d’actualité !

Fais de ta vie un rêve !

Marie-Amelie Le Fur - Plume d’Elephant, 2019

Marie-Amélie fait de l’athlétisme depuis son enfance. Elle se rêve aussi sapeur-pompier… jusqu’à un accident tragique durant son adolescence dans lequel elle perd une jambe. Entourée des siens, évoluant dans un « écosystème favorable », elle réussit avec force à reprendre sa passion sportive et à la pratiquer à un haut niveau. Depuis lors, l’athlète française a remporté neuf médailles lors de différents Jeux paralympiques, s’investit dans la lutte contre les discriminations et occupe des postes dans différentes instances sportives. Elle nous raconte ici ce parcours d’obstacles.

La Loi du plus sport

Valentin Sansonetti - Ed. JC Lattès, coll. Nouveaux jours, 2025

L’auteur, joueur de tennis amateur, sociologue et historien de formation, nous parle de l’ambiguïté du sport qu’on veut pour tous et toutes mais qu’on destine à une élite. Le sport ?... Non ! Les systèmes dans lesquels sont organisés les sports, en miroir de notre société, nous hiérarchisent et promeuvent l’inégalité entre les personnes. Pour faire face à ces travers, il faut repenser l’éducation physique pour laisser de la place aux transformations sociales et à l’émancipation, au plaisir de jouer et de jouer ensemble.
De ce livre, il a fait une conférence gesticulée à voir à la Cité Miroir le 29 janvier 2026.

La FSGT : Du sport rouge au sport populaire

FSGT – la ville brûle, 2014

Une plongée captivante dans l’histoire de la Fédération sportive et gymnique du travail, héritière du sport ouvrier français, née officiellement de la fusion des sections sportives socialistes et communistes en 1934, période marquée par l’ascension fasciste mais aussi par la germination du futur Front populaire. Un voyage au cours des pages qui nous ramène, 90 ans après, dans la FSGT actuelle, fédération toujours vaste, diversifiée et dynamique (malgré les défis), qui tente de remettre en question le modèle dominant du sport individualiste, en promouvant un sport engagé, porteur de solidarité et de valeurs démocratiques, vecteur d’innovations aussi bien techniques que philosophiques !

Des exploits, des chefs-d’œuvre

Jean-Marc Huitorel (dir.) – Editions Dilecta, 2024

Catalogue de l’exposition « Des exploits, des chefs-d’œuvre », présentée en 2024 au Frac Sud, au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée et au [mac] à Marseille. Beau livre, richement illustré, l’ouvrage est à l’image de son propos, une construction de ponts théoriques et esthétiques entre le monde du sport et de l’art. De l’admiration à la critique, de l’humour au détournement, les liens sont multiples !