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Poupées et marionnettes envahissent nos écrans
Une médiagraphie réalisée par Médiathèque Nouvelle en association avec le B3, Centre de ressources et de créativité de la Province de Liège, destinée à accompagner l'activité Apéro Ciné sur ce thème.
Hirokazu Kore-Eda : Air Doll (2009) – VA0790
À Tokyo, dans l’anonymat de la mégalopole, un homme profondément seul partage sa vie domestique avec une poupée gonflable. Chaque soir, de retour du travail, il lui parle, prend son bain avec elle, lui fait l’amour. Mais un jour, à son insu, la poupée prend vie, s’affranchit de sa captivité, explore le quartier, observe les humains… Dans ce film à part dans l’œuvre du cinéaste, adaptation du manga The Pneumatic Figure of a Girl de Yoshiie Gōda, tel un funambule, Kore-Eda marche sur un fil, entre le cru et l’émerveillement, entre le factice et le vivant. L’interprétation de l’actrice coréenne Bae Doona, toujours à la lisière entre l’inanimé et le respirant, participe grandement à ce jeu sur le trouble. (PD)
Jan Svankmajer : Alice (1988) – VA3826
Une énième adaptation du roman de Lewis Carroll nous replonge dans notre enfance. Les poupées, les animaux empaillés et les objets divers prennent vie ; soudain, ces bouts de bois et de chiffons sont dotés d’une âme et deviennent les acteurs d’une histoire contée par Alice, qui interprète à la fois la narration et les voix de tous les intervenants, comme dans nos récits d’enfance. Les jouets et babioles autrefois chipés à nos parents devenaient le prolongement de notre imaginaire, bien avant l’ère de l’intelligence artificielle.
Le cinéma de Svankmajer revêt aujourd’hui une importance rare : il est la mémoire d’un monde qui fut organique. (HG)
Ladislas Starewitch : Les aventures de Fétiche (1933-1937) – VA1147
Né à Moscou de parents polonais en 1882 et passionné d’entomologie, Ladislav Starewitch se met à tourner au début des années 1910 des courts métrages d’animation mettant en scène des figurines d’insectes, afin de contourner l’impossibilité de filmer leurs alter ego vivants avec les contraintes techniques du cinéma de l’époque. Ses films mélangent entomologie, fables et contes populaires, figurines et personnages humains. En 1933, vivant désormais en France, il entame la série de courts métrages autour de Fétiche : une peluche de chien dotée d’un cœur né d’une larme de la fabricante de poupées qui l’a confectionné et qui lui a donné la vie. (PD)
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Robert Zemeckis : Bienvenue à Marwen (2018) – VB1755
Laissé amnésique après un passage à tabac, Mark Hogancamp s’immerge dans Marwen, un univers miniature centré sur un village belge fictif et factice qu’il défend, en tant que Captain Hogie, aux côtés d’héroïnes locales, face à un groupe de SS. Mais à l’approche du procès de ses agresseurs, ce mini-monde de poupées — où les figurines inspirées des femmes qu’il a côtoyées rejouent sans cesse les mêmes combats — semble se figer, hanté par une “Fée Clochette” aux intentions troubles. Cette méthode de reconstruction à la fois originale et artistique (Mark prépare une expo photos de Marwen) demeure fragile, et se voit mise à l’épreuve par un changement inattendu dans son voisinage direct. (YH)
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Italo Bettiol et Stefano Lonati : Chapi Chapo (1974) – VC1960
Apparues sur les écrans de télévision en 1974, ces deux petites têtes blondes et leurs aventures pétillantes ont ravi, à n'en point douter, toute une génération de jeunes enfants. Ces courtes histoires d’environ cinq minutes, où les deux protagonistes sont confrontés à de menus problèmes, sont accompagnées par la musique intemporelle et poétique de François de Roubaix. L’animation a ici quelque chose de très élémentaire et se marie à merveille avec l’univers géométrique de la série tout en y apportant un dynamisme très apprécié des enfants. (MA)
Spike Jonze : Dans la peau de John Malkovich (1999) – VD0778
Dans cette incroyable fiction, Spike Jonze transforme la marionnette en une métaphore vertigineuse de la condition humaine : il ne s’agit plus d’insuffler le mouvement à des figurines de bois, mais à une conscience — celle de l’acteur John Malkovich lui-même. Les protagonistes sont aux commandes d’un être humain, tirant les ficelles de son corps et de son existence. Nous voilà dès lors toutes et tous tentés d’habiter d’autres vies pour échapper à nos propres failles. Le film déploie, avec un humour absurde, ces personnalités alternatives qui sommeillent en chacune et chacun d'entre nous. Un monument incontournable du cinéma des années 90. (PPH)
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Joe Dante : Gremlins (1984) – VG6513
Avec Gremlins, Joe Dante signe un film culte mêlant conte fantastique et comédie horrifique. Tout commence avec Gizmo le Mogwaï, adorable petite créature aux grands yeux attendrissants, soumis à trois règles strictes : éviter l’eau, la lumière et la nourriture après minuit. Si elles sont enfreintes, naissent alors les Gremlins, petites créatures chaotiques et dangereuses, prêtes à semer la pagaille en ville. Porté par un humour noir savoureux, des effets spéciaux ingénieux et une satire sociale subtile, Gremlins dépasse le simple film de monstres pour devenir un hommage jubilatoire au cinéma et à la pop culture américaine, accessible à toutes les générations. (ShS)
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Richard Attenborough : Magic (1978) – VM0579
Adapté du roman de William Goldman, Magic suit Corky Withers, un ventriloque dont la carrière décolle grâce à sa marionnette Fats. Timide et effacé, il projette dans Fats sa part de vulgarité et d’agressivité. Sur scène, ils forment un duo comique, mais en privé la marionnette reflète ses pulsions sombres et sa fragilité mentale croissante. Isolé et obsédé par sa petite amie, Corky perd peu à peu le contrôle, tandis que Fats semble prendre vie, jusqu’à ce que la frontière entre l’homme et le pantin s’efface, plongeant l'artiste dans la folie. Ce thriller psychologique explore la schizophrénie et la dualité de la personnalité, porté par l’interprétation intense d’Anthony Hopkins, qui rend Fats à la fois drôle et inquiétant. (PB)
Tobe Hooper : Poltergeist (1982) – VP5523
Dans ce chef-d’œuvre horrifique coécrit et produit par Steven Spielberg (Poltergeist est en fait fortement inspiré d’un épisode de La Quatrième Dimension), la demeure d’une famille californienne se retrouve sous l’emprise de forces obscures. Alors que la menace semble conjurée, c’est par le truchement du clown-pantin du fils Robbie que le « mal » tente de revenir dans notre monde. Au début du film, ce jouet trône face au lit du garçon, dont le regard devient pour lui de plus en plus insoutenable — au point qu’il finit par le couvrir d’un vêtement — avant de se muer en entité ravisseuse surnaturelle et maléfique. (YH)
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George Pal : The Puppetoons (1934-1947) – VP7424
Que sont donc ces fameux Puppetoons ? Il s’agit de marionnettes en bois qui s’animèrent sur les grands et les petits écrans durant deux décennies (1930-1950). Inspirées du travail de Ladislav Starewitch, ces poupées en bois sont composées de différentes parties interchangeables et filmées selon la technique du stop motion. D’abord utilisées à des fins publicitaires, les Puppetoons donneront naissance à une quarantaine de courts métrages durant les années 1940 et seront couronnés d'un Oscar d’honneur en 1944. (MA)
Seth MacFarlane : Ted (2012) – VT0647
Vingt-sept ans après que Ted, l’ours en peluche qui a pris vie le jour de Noël, et John Bennett se soient promis de rester les meilleurs amis du monde, leur existence d'adulescents accrocs aux navets cinématographiques SF des années 70 et 80 (option Flash Gordon), à la picole et à la fumette de fond de canapé est quelque peu au point mort. John, qui stagne également dans sa vie professionnelle, doit demander à Ted de déménager s’il veut s’engager davantage avec Lori, sa compagne depuis quatre ans. Le propos du film n’est pas tant de savoir si John va devenir (ou essayer d’être) « adulte », mais de se demander s’il est possible de respecter un serment de fidélité mutuel posé enfant, quand vient le temps des « responsabilités ». (YH)
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Roland Topor et Henri Xhonneux : Téléchat (1983-1986) – VT1460
Ce vrai-faux journal télévisé à destination des enfants (mais pas que) a marqué le paysage télévisuel franco-belge durant les années 1980. Parodiant volontiers la télévision de l'époque, cette collaboration entre le Belge Henri Xhonneux et le Français Roland Topor mettait en scène un duo de journalistes : Groucha, un chat au bras plâtré, et Lola, une autruche en robe rouge. Nos deux marionnettes étaient entourées de personnages étranges et d’objets animés doués de la parole. Féroce et irremplaçable, cette série ne prenait pas les enfants pour des débiles et avait le mérite de réunir toute la famille devant le poste de télévision pendant cinq minutes de pur bonheur. (MA)
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Une médiagraphie de Médiathèque Nouvelle et du B3 réalisée par Michaël Avenia, Pierre Baps, Philippe Delvosalle, Henri Gonay, Pierre-Philippe Hofmann, Yannick Hustache et Shirley Saive.
© Image par Marco de Pixabay