- Médiathèque nouvelle
- Streaming
- Filmfriend
Filmfriend

Sélection du moment
-
Apichatpong Weerasethakul : Cemetery of Splendour (2015)
Accéder au cinéma d’Apichatpong Weerasethakul peut s’apparenter à un acte de croyance. Croire que le visible n’est pas le seul accès au réel lui-même, tellement plus vaste que ce dont nous avons conscience. Croire que les lieux gardent en mémoire les destins individuels et collectifs, qu’il y a une âme en tout être et en toute chose, croire, comme disait le poète, que les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Cemetery of Splendour relève d’un genre d’expérience qu’on pourrait qualifier de métaphysique si l’aventure n’était avant tout sensorielle. Le programme n’a rien d’intimidant, il s’agit, en chaque instant, de se trouver au milieu des choses. Le cinéaste en fait une quête organisant la narration autour de trois personnages : une femme affligée d’une jambe plus courte que l’autre, une médium, et un soldat frappé de la maladie du sommeil. Autant de guides, de relais de perception dont la fonction dans le récit illustre sans peine le fait qu’il y a de la grandeur dans l’infirmité, une forme d’élection. Se déplacer très lentement, dormir pendant des jours et des semaines, c’est, dans l’échelle de valeurs d’Apichatpong Weerasethakul, une chance. Au diapason de ces personnages, l’imaginaire du film associant étroitement le trivial au spirituel se déploie dans un quotidien banal, pauvre en événements, mais débordant de significations. Des plans larges, fixes et sans contrechamps mettent en exergue ce qui lie, souvent à leur insu, les êtres, les énergies et leur environnement. Déroutante, cette forme sans apprêts est celle du désir. Un désir subversif en ce qu’il défie les normes du regard et de la perception, et dynamique dans la mesure où son acuité sensorielle ouvre à la possibilité de naviguer entre les mondes. (CDP)
Cemetery of SplendourDes soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée. Jenjira se porte volontaire pour s’occuper de Itt, un beau soldat auquel personne ne rend visite. Elle se lie d’amitié avec …2015 - Allemagne, Corée du Sud, États-Unis, France, Malaisie, Mexique, Norvège, Royaume-Uni, ThaïlandeCEMETERY OF SPLENDOUR
Apichatpong WEERASETHAKULVC1942Cinéma de fiction -
Ursula Meier : L’Enfant d’en haut (2012)
Du haut de ses douze ans, Simon (Kacey Motter Klein) habite une tour d'habitation de la terne plaine industrielle du Valais central. Il partage le logement avec sa sœur Louise (Léa Seydoux), une jeune femme instable et dépendante. Pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, l'adolescent emprunte chaque jour la télécabine pour regagner les sommets. Il profite du domaine skiable huppé de Verbier pour mettre la main sur le matériel de ski laissé aux abords des pistes. Il en organise ensuite la revente, une fois redescendu dans la vallée.
Le troisième long métrage d'Ursula Meier est un drame qui dépeint avec beaucoup de justesse et de réalisme le quotidien de Simon, qui oscille entre débrouillardise et solitude. Dans une mise en scène très maitrisée, avec l'apport d'une photographie froide et naturelle, la proposition d'Ursula Meier place au centre du récit les émotions brutes qui marquent la relation entre le frère et sa sœur. Les plans larges des montagnes immaculées contrastent avec les espaces confinés où vivent Simon et Louise, illustrant visuellement leur enfermement social. Comme c'était le cas pour Home (2008), et comme ce le sera ultérieurement pour La Ligne (2022), la réalisatrice franco-suisse affectionne la particularité de certaines situations topologiques pour y déployer les lignes de tension de sa dramaturgie. En sous-couche, le film nous rappelle comment, dans l'histoire du développement touristique des Alpes, la préexistence de certains villages et zones d'habitation n'a souvent pas été prise en considération dans les plans de développement; ces zones se trouvent dès lors isolées, mises au ban des activités économiques. (PPH)
L'enfant d'en hautSimon (Kacey Mottet Klein) vit seul avec sa sœur Louise (Léa Seydoux, "Inglourious Basterds", "Midnight in Paris", "Les Adieux à la reine"). Comme Louise ne trouve pas de travail et s'intéresse surtout aux hommes, elle reçoit peu d'argent. Pour survivre, …2012 - France, SuisseL'ENFANT D'EN HAUT
Ursula MEIERVE0485Cinéma de fiction -
J.C. Chandor : A Most Violent Year (2014)
A Most Violent Year fait partie de ces films qui mettent à nu la machine capitaliste étasunienne. N’y sont pas montrés les achalandages customer friendly de la 5e Avenue, mais bien plutôt l’envers du décor de la consommation. Le regard que J.C. Chandor pose sur son pays est résumé par un implacable dispositif, confinant parfois à la caricature : sur toile de fond médiatique quasi permanente – son diégétique de télévision et radio faisant état d’une criminalité urbaine omniprésente – la réalisation est jalonnée d’éléments scénaristiques anxiogènes de nature à signifier son idée maitresse, à savoir que la propriété privée est tout autant synonyme de confort matériel que de menace existentielle. Doté d’une facture de thriller économique, A Most Violent Year n’est jamais très loin du film de gangsters, bien que cette dimension soit le plus souvent reléguée hors champ, à l’image du caractère ambigu de ses protagonistes. Ainsi nous est suggérée l’idée selon laquelle toute ambition de croissance contient nécessairement en elle la potentialité d’agissements interlopes ou, à tout le moins, douteux sur le plan éthique. (SD)
A Most Violent YearNew York, 1981. Alors que la violence et la corruption profondément infiltrée règnent en maître, Abel Morales tente de développer son entreprise de mazout et son affaire familiale avec intégrité et droiture. Mais lorsque ses chauffeurs sont attaqués quotidiennement et …2014 - Émirats arabes unis, États-UnisA MOST VIOLENT YEAR
J.C. CHANDORVA1177Cinéma de fiction -
Ariane Teillet (/ Paul Verlaine) : Il pleure dans mon cœur (2020)
Dans ce film court, librement inspiré du poème de Paul Verlaine, Ariane Teillet transpose le texte dans un univers décalé peuplé de personnages fantasques. « Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville », se languit la souris en observant le déluge derrière sa fenêtre. Quand soudain, une joyeuse bande bruyante et colorée émerge de la grisaille et fait irruption dans l’appartement. Ils aiment rire, manger et danser, mais leur compagnie peut-elle briser la solitude ? Plus l’ambiance monte et plus l’orage se déchaine au-dehors tandis que leur ami ne peut plus dissimuler sa peine. Comment réagir ? Le contraste entre la tristesse solitaire et la joie collective fonctionne à merveille avec le texte et, en trois minutes, beaucoup est dit et montré
Ce court-métrage fait partie de la collection « En sortant de l’école ». Filmfriend a réuni sept de ces films d’animation rendant hommage à la poésie. L’occasion de (re)découvrir les textes, mais aussi le travail de jeunes réalisatrices et réalisateurs à qui s’adresse également la collection. (GB)
La collection « En sortant de l’école » sur filmfriend :
https://mediatheque.filmfriend.be/fr/collections/en-sortant-de-lecole-des-poemes-animes
Paul Verlaine : Il pleure dans mon coeurAu diable le vague à l’âme, je souris, tu souris, il sourit, se répète la souris. Que faire quand le cafard s’abat pourtant ? Une interprétation moderne et très touchante de ce poème intemporel de Paul Verlaine sur le fameux …2020 - France -
Mihai Grecu & Thibault Gleize : Exland (2013)
Des nuages et de la brume, un paysage sombre et désolé de fjords, des collines rocailleuses et enneigées, une musique électronique menaçante et le cri des mouettes, une impression de fin du monde, de vide. Les hommes ont disparu, mais ils ont laissé des traces. Des constructions illuminées de rouge et de rose occupent l’espace aléatoirement : des panneaux publicitaires aux néons éclatants, créant une sorte de land art, des signaux lumineux qui clignotent alors que la musique s’adoucit un instant, des montagnes russes abandonnées déployant leurs spirales sur un fond gris. Et puis une nouvelle catastrophe, un déferlement d’une substance rouge, ressemblant fortement à de la confiture de framboise. Filmfriend classe ce court-métrage réalisé par Mihai Grecu et Thibault Gleize dans la catégorie animation, mais il s’agit plutôt d’un film expérimental qui pourrait trouver sa place dans un musée, sous forme d’une installation. Le ton est inquiétant et mélancolique, mais l’esthétique est très travaillée, offrant de superbes images transformées par des effets spéciaux. (ASDS)
ExlandQuelque part, perdus entre fjords majestueux et sommets enneigés, de mystérieux monuments postmodernes témoignent d'une présence humaine ambiguë, ayant tenté de modifier le paysage au profit d'un symbolisme idéologique abstrait. Ce film est à la fois une visualisation des œuvres …2013 - France -
Sarah Vanagt : Divinations (2019)
« Le point noir au milieu, c’est le fils du tyran. Son fils peut le retenir. Le père, le tyran, a le pouvoir de tout détruire, mais la mère a le pouvoir de tout reconstruire. Et l’enfant a les deux, il peut l’arrêter. » Cette mise en garde est dite par la voix d’un enfant, mais qui sonne comme celle d’un sage, d’un oracle ou d’une pythie qui prédit l’avenir entre la légèreté de l’imagination et le sérieux presque tellurique du Destin qui nous attend. Pas de marc de café à interpréter pour délier la parole d’une dizaine d’enfants-devins à Bruxelles, Athènes et Sarajevo, mais une image qui à première vue paraît être celle d’un microscope, mais qui s’avère être une image plus grande que la réalité, une projection. Pour ce film à dispositif, Sarah Vanagt a croisé la préhistoire du cinéma (la lanterne magique, ancêtre du projecteur inventé au XVIIe siècle), la récolte de traces du présent (des empreintes faites par les enfants sur les surfaces de leurs villes au moyen de bandes plastiques collantes leur permettant d’y récolter les poussières, pollens, papiers de bonbons, feuilles, fleurs, capsules de cannettes, etc., qui y trainent) et l’imagination de futurs possibles. Le procédé est ludique, la parole inventive, mais les divinations ne sont pas légères et en disent beaucoup sur ce début du XXIe siècle où grandissent ces enfants : guerres, pollution, extinction animale, dérèglements climatiques, radioactivité, crises migratoires… rats ou vampires qui menacent la ville, retour à la vie des dinosaures… Avec, quand même, quelques percées de lumière au milieu de ces paysages très sombres : « Peut-être que les filles prendront le pouvoir sur le monde ? » ou « L’espoir repose sur les ours et les loups. La vie sera différente, effrayante au début, mais belle ensuite. » (PD)
DivinationDes enfants de Bruxelles, d’Athènes et de Sarajevo déploient des bandes transparentes de ruban adhésif dans les rues où ils grandissent. Quand ils les enlèvent, une empreinte de la ville se dessine : poussière, sable, emballages de bonbons, insectes, verre, …2019 - Belgique -
Roger Frappier et Justin Kingsley : Chaakapesh (2019)
En 2007, le gouvernement du Canada met en place la Commission de vérité et de réconciliation afin de faire face à son histoire et aux séquelles laissées par les pensionnats amérindiens en toute transparence. Cette commission a recueilli des informations sur les enfants autochtones séparés de leur famille et victimes d’agressions physiques et sexuelles.
Dix ans plus tard, l’Orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Kent Nagano, crée l’opéra de chambre Chaakapesh, le périple du fripon, inspiré d’une légende crie provenant des régions nordiques. Ce personnage mythologique parviendra, grâce au rire, à mettre fin aux violences infligées aux Premières Nations par les Européens… La musique est composée par Matthew Ricketts et le livret est écrit par Tomson Highway. La narration est en innu et en inuktitut ; les dialogues sont chantés en cri.
Ce documentaire, réalisé par Roger Frappier et Justin Kingsley en 2019, retrace le processus de création de l’opéra et explore la rencontre entre les musiciens classiques et les artistes autochtones afin de préserver, faire vivre et faire connaître l’histoire et la culture des Premières Nations. Chaakapesh montre aussi l’importance de la collaboration et des échanges entre les communautés pour réduire les tensions et favoriser la réconciliation, et illustre le pouvoir unificateur de la musique. (GC)
ChaakapeshL'Orchestre symphonique de Montréal et son célèbre Maestro partent en tournée dans la grande toundra nordique du Québec pour visiter les communautés cries, innues et inuites et partager avec eux un opéra de chambre autochtone où l'on apprend aux Blancs …2020 - Canada -
Arne Birkenstock et Jan Tengeler : Sound of Heimat – Deutschland singt (2012)
Les réalisateurs de ce documentaire se sont donné pour défi de convaincre leur public de la grande valeur de la chanson traditionnelle allemande. Victime de préjugés faciles et de plaisanteries rigolardes, le folklore allemand semble n’évoquer chez nous que des images de schlager, de oompah et des chansons à boire de l’Oktoberfest, ce qui est fort réducteur et ne rend pas justice à la diversité et à la sincérité des traditions germaniques. S’il a presque disparu après la Deuxième Guerre mondiale, condamné pour sa composante nationaliste et son utilisation par le régime nazi, le folk local est toujours pratiqué par des artistes qui célèbrent son ancrage populaire et ses racines profondes dans le chant médiéval. S’il a perdu de son importance et de sa visibilité dans la vie quotidienne, il est maintenu en vie par des musiciens qui conservent la mémoire du yodel, de la polka, de la chanson romantique et du volkslied. Le guide inattendu pour ce parcours de découverte est un saxophoniste néo-zélandais, Hayden Chisholm, qui sillonne le pays à la recherche des pratiques authentiques et quelquefois extravagantes de la chanson populaire allemande. (BD)
Sound of Heimat - Deutschland singtQu'est-ce qu'un saxophoniste néo-zélandais d'origine écossaise peut bien espérer trouver derrière une baratte à lait dans le bled de l'Allemagne de l'Est ? La réponse est simple : l'extravagance musicale ! Et la patrie. Ce qui semble déroutant au départ, …2012 - Allemagne -
Tania Rakhmanova : La Prise du pouvoir par Vladimir Poutine (2005)
À l’automne 1998, le président de la Fédération de Russie Boris Eltsine est un homme malade et les affaires de l’État russe sont, de fait, entre les mains d’un petit groupe de proches d’Eltsine – parmi lequel on compte sa fille et son futur gendre – ne bénéficiant d’aucune légitimité démocratique. Cette « Famille » comme la nomme la presse cherche un Premier ministre qui serve leurs intérêts. Or, en pleine tourmente suite aux enquêtes de corruption (dont celle à laquelle a participé Carla Del Ponte du Tribunal pénal international par rapport à la pharaonique rénovation du Kremlin), c’est à Yevgeny Primakov qu’échoit le poste. Et c’est là – aux deux tiers du reportage – qu’apparait l’inconnu Vladimir Poutine, ex-officier du KGB en poste à Dresde au moment de la chute du mur, et passé responsable du service de renseignement intérieur du FSB (le KGB post-soviétique). Il dirige alors une opération de déstabilisation du clan Primakov (via de fausses vidéos à caractère sexuel) puis orchestre une campagne électorale médiatique express qui va le mener en quelques semaines au siège de Premier ministre, première étape de la conquête d’un pouvoir politique qu’il ne lâchera plus. Chassant dès son arrivée « La Famille » des arcanes du pouvoir et visitant le front tchétchène (le jour du Nouvel An) comme premier acte en tant que chef du gouvernement, Poutine est un outsider que personne n’a vu venir, mais qui a habilement retourné les règles d’un jeu politique complexe à son seul profit. (YH)
La prise du pouvoir par Vladimir PoutineDes intrigues, de la corruption et une petite guerre : tels sont les ingrédients d'un jeu de pouvoir au terme duquel un certain Vladimir Poutine est devenu président de la Fédération de Russie. Automne 1998 : le président russe Eltsine …2005 - France