DELTAS
Ah si on savait ce qu’est la magie et comment elle opère dans la création et dans nos oreilles on serait nous-mêmes des enchanteurs. L’album ‘613’ (XC262R) est un de ceux que j’ai le plus écouté ces dernières années, c’est un des nombreux arrière-plans musicaux qui ne me quitte plus et j’y reviens chaque fois avec délice. Pour moi cette écoute est devenue familière, je m’y perds et je m’y trouve comme dans un labyrinthe enchanté et je me demande souvent s’il est raisonnable d’espérer réitérer l’expérience à l’occasion de l’une ou l’autre découverte.
Et bien avec ce nouveau disque le chapelier parvient à créer de nouvelles serrures pour lesquelles il s’ingénie à trouver des nouvelles clés et si c’est possible il enrichit son propos et sa sonorité de façon réjouissante, ses mélodies complexes sont toujours aussi bien construites et l’équilibre qu’elles trouvent a beau sembler savant il touche au coeur. Par miracle la familiarité y trouve ses surprises car la matière sonore a gagné en chair et en couleur, elle a trouvé une épaisseur vibrante et surtout il semble évident que le regard qu’il porte sur sa manière de faire reste en pleine évolution pour au moins une raison, par moment Chapelier parvient à une subtile déconstruction de son propre univers, on dirait qu’il découpe, qu’il fragmente et qu’il réorganise en restant lui-même tout en se projetant dans quelque chose de nouveau. Il s’expérimente lui-même c’est ce que nous faisons tout le temps dans la vie.
Nous ne sommes jamais vraiment ni en nous ni hors de nous, ni nous-mêmes ni des autres et c’est ces questions et ces constatations qu’on trouve dans les subtiles métamorphoses musicales du créateur de chapeaux. Voilà à quoi servent les bonnes chansons. (DS)
613
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