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Technologies actuelles
Petite filmographie consacrée aux technologies du présent
Le Congrès (2013) de Ari Folman
Librement adapté du roman de science-fiction de Stanislas Lem, Le Congrès de futurologie (1971), le film de Ari Folman est une œuvre hybride qui commence en prises de vues réelles avant de basculer dans l'animation ; un changement radical des représentations, totalement cohérent dans la réflexion que le film pose sur le réel et sa perception.
Robin Wright (que joue Robin Wright) est une actrice dont la carrière a été gâchée par de mauvais choix lorsqu’un jour la Miramount lui propose de la scanner et de « vendre son image » ; sa personnalité de comédienne et son alias pourront ainsi être librement exploités par la puissante compagnie hollywoodienne. Pendant vingt ans, elle doit disparaître en tant que personne et reviendra comme invitée d'honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde aux apparences fantastiques, rendues « possibles » grâce à de puissantes drogues hallucinogènes... Une réflexion sur la place de l’humain dans notre société où la technologie prend le dessus, ainsi qu’un questionnement sur le devenir du métier d'acteur·ice. [MR]
LE CONGRÈS
Le temps de cerveau disponible (2010) de Jean-Robert Viallet
Le titre de cette enquête documentaire est tiré d’une expression formulée en 2004 par Patrick Le Lay, alors PDG du groupe TF1 : le « temps de cerveau humain disponible » est ce que la chaîne de télévision vendait à ses annonceurs. En d’autres termes, c’est le temps pendant lequel le téléspectateur est diverti ou distrait par une émission, et donc susceptible de recevoir passivement des messages publicitaires.
Le cynisme de cette affirmation avait choqué l’opinion publique, tandis que les professionnels des médias se réjouissaient que les vraies intentions (hypocrites) d’un grand patron d’une chaîne publique soient enfin dévoilées.
Avec l’aide de chercheurs, alternant images d’archives et interventions du philosophe Bernard Stiegler (1952-2020), ce documentaire montre comment, depuis les années 1980, la télévision de divertissement est devenue une machine pulsionnelle propre à mobiliser l’attention de millions de téléspectateurs/consommateurs. [MR]
LE TEMPS DE CERVEAU DISPONIBLE
La Maison de la radio (2012) de Nicolas Philibert
Une plongée au cœur des stations de Radio France – France Inter, franceinfo, France Culture, etc. – à la découverte de ce qui échappe habituellement aux regards : les coulisses d’un média dont la matière même, le son, reste invisible.
« Filmer la radio est un peu un contre-sens, contre-nature », selon les mots de Nicolas Philibert ; il a pourtant accepté le défi de représenter ce qui ne peut être vu. Le cinéaste a pris son temps, une demi-année, à errer dans les couloirs de Radio France à Paris pour filmer, sans commentaire, une institution et les interactions entre les individus qui la composent, fidèle à son approche sociologique du cinéma documentaire.
De cette fourmilière où des milliers de personnes travaillent pour faire arriver l'information, la musique, le divertissement ou l'intelligence, émerge une galerie de personnages célèbres ou anonymes, qui dessinent peu à peu l'image d'un univers où les mots, la voix, les regards et l'écoute ont encore toute leur importance.
LA MAISON DE LA RADIO
The Lab (2013) de Yotam Feldman
Forts de leurs années d'expérience sur le peuple palestinien, les industriels de l'armement et des techniques sécuritaires israéliens ont développé un savoir-faire qui s'exporte très bien à travers le monde.
Durant les années 2000, le contrôle exercé par l'armée israélienne sur plus de 3,75 millions de Palestiniens s'est mué en une entreprise économique considérée comme essentielle à la richesse d'Israël. Les moyens employés par l'armée contre Gaza et en Cisjordanie se commercialisent dans le monde entier. Le film montre que l'occupation militaire est si rentable pour l'État d'Israël qu'il ne peut y renoncer.
Le réalisateur Yotam Feldman enquête dans cet univers glaçant auprès de marchands d’armes et de matériels de sécurité qui se livrent sans complexe devant la caméra. Pour eux, la guerre est un business, Gaza un showroom mondial et les Palestiniens, une simple variable sur une équation...
THE LAB
La Guerre des drones (2014) de Tonje Hessen Schei
Comme on le constate quotidiennement dans les médias, la conquête et la défense des espaces aérien et maritime sont essentielles dans les conflits, et plus encore depuis l’avènement des drones qui n’engendrent aucune perte humaine du côté de celles et ceux qui les pilotent. La « dronification » de la guerre contemporaine est devenue un fait.
Le film se déroule aux États-Unis mais pourrait se dérouler partout ailleurs aujourd’hui ; les pilotes de drones américains sont des soldats d’une génération nouvelle, quelquefois recruté·e·s par la CIA lors de salons de jeux vidéo… mais l’usage d’une telle technologie est-il légal ? Comment évaluer la responsabilité de pilotes se trouvant parfois à plusieurs milliers de kilomètres des victimes et dont les actions peuvent engendrer des « bavures » ?
Bien que ce documentaire ait été réalisé bien avant la déferlante de l’IA (qui a augmenté la puissance et l’efficacité de ces technologies martiales), les questions éthiques qu’il pose sont toujours d’actualité. [MR]
LA GUERRE DES DRONES
Il n'y aura plus de nuit (2020) de Éléonore Weber
Dans cet essai documentaire, la cinéaste nous invite à percevoir le monde sous un autre jour… possiblement sans fin. Un monde sans nuit, rendu possible grâce à des caméras ultra-sensibles à la lumière permettant de scruter des territoires et des humains où qu’ils soient.
Ce film de montage est uniquement constitué d’images provenant d'hélicoptères sur le théâtre des opérations, en lutte contre diverses formes de criminalité liées à la drogue ou au terrorisme. L'œil des pilotes semble insatiable et les personnes qui sont visées ignorent qu'elles le sont.
Les interventions ont lieu sous nos yeux et ceux qui filment sont également ceux qui peuvent tuer, les casques de vision nocturne étant directement liés aux canons d’artillerie…
Sur un texte acéré de la réalisatrice, fruit de réflexions personnelles et de conversations avec un pilote français (anonyme), porté par la voix de l’actrice Nathalie Richard, Il n’y aura plus de nuit apparaît comme un film paradoxal aux images nocturnes fascinantes et glaçantes à la fois. [MR]
IL N'Y AURA PLUS DE NUIT
Cherche zone blanche désespérément (2013) de Marc Khanne
Depuis les années 2000, antennes, téléphones portables et Wi-Fi se sont multipliés de façon exponentielle. Parallèlement, un nombre croissant de personnes se plaignent d’en souffrir.
Pour des raisons encore mal comprises, des femmes, des hommes mais aussi des enfants deviennent sensibles aux champs électromagnétiques artificiels, ceux de la téléphonie mobile ou ceux du courant électrique 50 Hz. Pour se protéger de souffrances très invalidantes, ces personnes électro-hypersensibles (EHS), plus nombreuses qu’on ne peut le supposer et présentes dans le monde entier, doivent se calfeutrer, déménager ou quitter leur famille et arrêter de travailler.
« Officiellement », il s’agit d’une peur irrationnelle. Mais comment mettre la parole de ces individus en doute sans connaître leur histoire ?
Le réalisateur a mené l’enquête pendant près de trois ans et rencontré une soixantaine de personnes devenues hypersensibles aux champs électromagnétiques, ainsi que des politiques et des chercheurs.
CHERCHE ZONE BLANCHE DÉSESPÉRÉMENT
Les Rêveurs de Mars (2009) de Richard Dindo
Le film dresse le portrait d’utopistes qui aimeraient s'envoler tout de suite pour Mars. Ces personnes sérieuses vivent toutes en Californie ; ce sont des scientifiques, des architectes, des étudiant·e·s, des ingénieur·e·s, des auteur·trices, etc. Des hommes et des femmes convaincu·e·s que la conquête de Mars garantirait la survie de l'espèce humaine et pourrait contribuer à mieux comprendre l'origine de la vie sur Terre. Selon leur point de vue, la création d'une nouvelle civilisation et d'un « nouvel Homme » sur Mars est nécessaire et – malgré les conditions extrêmement difficiles – possible...
Alternant images de synthèse reproduisant l’environnement de Mars, prises de vue faites par des robots lors de missions spatiales, et d’autres filmées dans le désert Mojave où des scientifiques tentent d’en recréer l’environnement, Rchard Dindo joue la similarité entre ces décors pour mieux brouiller les repères des spectateur·trices.
LES RÊVEURS DE MARS
Thomas est amoureux (2000) de Pierre-Paul Renders
Thomas souffre d’une telle agoraphobie qu’il n’est plus sorti de son appartement depuis huit ans ; et personne n’y entre non plus. Il ne perçoit le monde que par visiophone et passe tout son temps devant son ordinateur… Jusqu’au jour où son psy lui conseille un « traitement de choc » en l’inscrivant dans un club de rencontre…
Ce film d’anticipation n’est pas prémonitoire du point de vue technologique, l’idée de la visiophonie étant déjà présente dans des œuvres de science-fiction depuis des décennies. La solitude, le sentiment d’être différent et de s’enfermer dans singularité est ce qui intéressait davantage le réalisateur et son scénariste, Philippe Blasband.
Bien que le parti-pris formel soit risqué (tout est centré sur l’écran d’ordinateur du protagoniste dont on n'entend que la voix), ce film original et techniquement innovateur est devenu un objet étonnant ; en portant un regard quasi sociologique sur cette relation au monde, il préfigure de nombreux problèmes relationnels liés à la technologie. [MR]
THOMAS EST AMOUREUX
CitizenFour (2014) de Laura Poitras
En 2013, Edward Snowden déclenche l'un des plus grands séismes politiques aux États-Unis en révélant des documents secret défense de la NSA (National Security Agency). Sous le nom de code « CitizenFour », il contacte la documentariste américaine Laura Poitras pour l’aider à dévoiler au grand jour l’ampleur d’une surveillance illégale de réseaux électroniques, exercée par les États-Unis, sur les citoyens du monde entier. La cinéaste, qui avait déjà décidé de consacrer son dernier documentaire à la surveillance de masse dans une trilogie sur l’Amérique d’après le 11-Septembre, part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel un film qui tient à la fois du document historique et du portrait intime d'Edward Snowden.
Oscar du meilleur documentaire en 2015, CitizenFour est un savant mélange entre le travail de fond de la réalisatrice et sa rencontre fortuite avec l’un des plus illustres lanceurs d'alerte ; l'ensemble des éléments mis en scène est haletant, proche d'un très bon film d'espionnage.
CITIZENFOUR
Llamasoft: The Jeff Minter Story (2024) de Digital Eclipse
Un documentaire hybride développé et publié par Digital Eclipse, consacré à l'un des créateurs les plus atypiques et iconoclastes du jeu vidéo britannique : Jeff Minter. Ce récit interactif retrace la carrière de ce développeur autodidacte et visionnaire, fondateur du studio Llamasoft, connu pour ses jeux psychédéliques, expérimentaux et profondément personnels, tels que Tempest 2000, Gridrunner ou Moose Life.
Alliant archives, témoignages, interviews, interface documentaire et jouabilité, ce média propose une exploration ludique et immersive du parcours de Minter, depuis ses débuts dans les années 1980 jusqu'à ses créations plus récentes. À travers cette forme originale mêlant histoire et interaction, The Jeff Minter Story célèbre la créativité indépendante, l'esprit DIY et le lien passionné entre un auteur et ses machines, tout en offrant la possibilité de rejouer à une sélection de ses œuvres restaurées. [TM]
LLAMASOFT: THE JEFF MINTER STORY
Sayônara (2016) de Kôji Fukada
Dans un avenir proche, le Japon est victime d'attaques terroristes sur ses centrales nucléaires. Irradié, le pays est peu à peu évacué vers des Etats voisins. Tania, atteinte d'une longue maladie, attend son ordre d'évacuation dans une petite maison perdue dans les montagnes. Elle est veillée par Leona, un androïde de première génération. Toutes deux deviennent les derniers témoins d'un pays qui s'éteint à petit feu et se vide par ordre de priorité, parfois selon des critères discriminatoires. Cependant, doucement, l'effroi cède la place à la poésie et la beauté.
Le film s'inspire de la pièce de théâtre Sayônara (version 2) de l’autrice japonaise Oriza Hirata, qui explore la relation entre les humains et les robots. Bien que l’androïde de compagnie (véritablement joué par un robot, Geminoid F) soit un des éléments centraux de ce drame complexe et visuellement très réussi, le film brasse de nombreuses thématiques d'actualité comme l’accident nucléaire ou encore l'immigration au Japon.
SAYÔNARA
Ghost in the Shell (1995) de Mamoru Oshii
Sorti en 1995, Ghost in the Shell est un film d'animation japonais réalisé par Mamoru Oshii et basé sur le manga éponyme de Masamune Shirow. Il est souvent considéré comme un chef-d'œuvre du genre de la science-fiction cyberpunk.
Le film se déroule dans un monde futuriste où la ligne entre l'homme et la machine est floue. On explore les conséquences éthiques de l'omniprésence de la technologie et de la cybernétique dans la société. Par exemple, les êtres humains ont des implants qui améliorent leurs capacités, mais cela soulève des questions relatives à la vie privée, la sécurité et la vulnérabilité face aux cyberattaques. Ghost in the Shell est bien plus qu'un simple film d'animation : une œuvre qui explore des questions fondamentales sur l'identité, la technologie et ce qui définit l'humanité. [JDL]
GHOST IN THE SHELL
Une filmographie réalisée avec la participation de Jean De Lacoste, Thierry Moutoy et Marc Roesems.
Image de présentation créée avec l'aide de l'IA Canva