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- Sélection juillet 2025 : cinéma belge
Sélection juillet 2025 : cinéma belge
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Gerlando Infuso : La Bague au doigt (2018)
Jeune prodige belge de l’animation en stop-motion, Gerlando Infuso utilise la puissance expressive de ses marionnettes entièrement conçues à la main pour questionner les normes de genre. Sa démarche, illustrée par une poignée de courts-métrages, consiste à réinterpréter des motifs traditionnels, qu’ils soient d’ordre imaginaire ou social. Dans cette veine, La Bague au doigt (Magritte du meilleur court-métrage d’animation en 2019) remonte le temps et prend ses quartiers dans un restaurant rue des Bouchers. On croise une serveuse au visage fatigué, un cuisinier jaloux, un chat affamé et un couple venu fêter la Saint-Valentin. Mais en ce jour dédié à l’amour, seule l’insatisfaction règne. Tout part en vrille : les assiettes s’envolent, les convenances aussi. La mise en scène virtuose transforme chaque détail de ce chaos libérateur en ressort burlesque. Dans cette ronde amoureuse autant que culinaire, le vaudeville révèle toute sa portée subversive et, en creux, sa dimension politique. Et ce n’est là qu’un prélude pour Gerlando Infuso. Avec Hyacinthe, premier long métrage d’animation actuellement en développement, le cinéaste entend inscrire une histoire d’amour homosexuelle au cœur d’un film destiné au grand public familial – une première dans ce registre. (CDP)
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Jean-François Hensgens & François Troukens : Tueurs (2017)
Une juge est assassinée par des tireurs cagoulés et sans scrupule dans un parking souterrain. Un braquage de fourgon qui donne l’impression d’avoir mal tourné. Mais sous la terrible et chirurgicale résonance des bruits de balles, la scène semble avoir été savamment orchestrée. D’autant que la femme de loi avait un rendez-vous avec un personnage mystère concernant une sordide affaire vieille de plus de 30 ans. Cette incursion souterraine dans le grand banditisme est le point de départ de Tueurs, polar 100 % belge, réalisé par le duo Jean-François Hensgens et François Troukens. Ce dernier est un ancien gangster, ex-ennemi public numéro 1 en Belgique et à présent repenti. Il a « laissé tomber le flingue et pris la plume » sous le conseil notamment de José Giovanni (réalisateur français et ancien gangster lui aussi) qu’il rencontre à l'occasion d'une de ses cavales. C’est donc en s’inspirant de sa propre vie et en puisant dans ses souvenirs qu’il écrit le scénario. Il fusionne ses pages avec d’autres, celles des sombres affaires criminelles belges, comme les tueurs fous du Brabant ou la spectaculaire évasion du criminel Patrick Haemers. Il en résulte une fiction très soignée et épurée qui ressemble par moment à Heat (1995) de Michael Mann entre le gentil/méchant policier Bouli Lanners et le méchant/gentil bandit Olivier Gourmet, un autre duo d’ambassadeurs noir jaune rouge. Mais c’est l’ensemble du casting qui crée le plan d’action, mène l’attaque à main filmée et permet à ce film de genre d’avoir à présent sa place dans le paysage cinématographique belge. (StS)
TUEURS de François TROUKENSTUEURS
François TROUKENSVT0944Cinéma de fiction
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Film collectif : Ateliers urbains : Stalingrad, avec ou sans nous ? (2021)
Stalingrad, porte d’entrée vers l’hyper centre de Bruxelles depuis la Gare du Midi, est un quartier cosmopolite, populaire et directement lié aux vagues d’immigrations.
La question formulée dans le titre pourrait résumer toutes celles que les personnes habitant, commerçant ou fréquentant régulièrement l’avenue de Stalingrad pourraient se poser : aujourd’hui, sont-elles réellement prises en compte et entendues dans la co-construction de l’ambitieux projet de réaménagement du quartier ? Et demain, seront-elles encore désirées dans un « futur Stalingrad », une fois le projet achevé ?
Ce film est le 19e opus des Ateliers urbains, une série initiée en 2010 par le Centre Vidéo de Bruxelles. Ces ateliers se focalisent sur les rapports qu’entretiennent les citoyens et les citoyennes avec l’espace urbain, et les invitent à s’interroger sur le(s) territoire(s) qu’ils partagent – ou non – dans la ville. Selon les sensibilités, les problématiques envisagées par quartier (sous l’impulsion de comités ou d’associations) et l’implication des participants et participantes, ces films collectifs apparaissent tantôt drôles, tantôt graves, inventifs ou militants. (MR)
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Emmanuel Marre : Les Cheveux coupés (2009)
Beaucoup connaissent aujourd’hui Emmanuel Marre (dont plusieurs films sont disponibles sur Filmfriend) pour Rien à foutre (2021), son premier long métrage de fiction coréalisé avec Julie Lecoustre dans lequel Adèle Exarchopoulos incarne une hôtesse de l’air d’une compagnie aérienne low cost. Mais une bonne dizaine d’années plus tôt, le cinéaste formé à l’IAD (Louvain-la-Neuve) avait filmé, en chambre, un petit rite de l’intimité familiale : des enfants bruxellois de différentes origines se faisaient couper les cheveux à la maison, par un de leurs parents. Au-delà de ce qui est partagé, d’une séquence à l’autre, dans ce moment à la fois pratique et symbolique (hygiène et apparence), il y a tout ce qui est singulier à chaque binôme : salon, cuisine ou salle de bains ; ciseaux ou tondeuse ; silence concentré (voire un peu stressé) ou bavardage, etc. Un petit bijou. (PD)
PHOTO DOC 09 de Emmanuel MARREPHOTO DOC 09
Emmanuel MARRETJ7161Documentaires
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Anne Closset & Carmen Branco Principal : Extérieur rue (2009)
Objet filmique hybride, fiction à vocation documentaire, Extérieur rue est tout autant l’œuvre d’Anne Closset et Carmen Branco Principal, ses réalisatrices, que des habitants de la rue Vandeweyer à Schaerbeek. Davantage intervenants qu’acteurs à proprement parler, ces derniers, co-auteurs d’un scénario laissant cependant place à l’aléa, ne rechignent pas à se mettre en scène, et ce afin d’illustrer les sempiternels écueils auxquels se heurte leur expérience du quartier : nuisances sonores, occupation illégale d’une place de parking pour personne à mobilité réduite, jeux d’enfants potentiellement destructeurs, immondices laissées à leur intention. Mais qu’à cela ne tienne, le film est une chance pour eux de rêver d’une cohabitation en bonne intelligence, transformant la rue en une agora éphémère où se confronteront utopies et rappels à la réalité du quotidien. (SD)
EXTÉRIEUR RUE de Anne CLOSSETEXTÉRIEUR RUE
Anne CLOSSETTJ3781Documentaires