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Sélection novembre 2025 - Romances
Romances
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Luca Guadagnino : A Bigger Splash (2015)
Dans ce remake en anglais de La Piscine (Jacques Deray, 1969), le « lieu du drame » (le Midi de la France) s’est déplacé vers l’île italienne de Pantelleria en Méditerranée, l’une des portes d’entrée de l’Europe pour de nombreux migrants (on est en 2015). Sorte de David Bowie au féminin, Marianne Lane est au repos forcé (elle est aphone) aux côtés de son jeune compagnon Paul dans une superbe propriété située à l’écart. Débarque alors l’ex de Marianne, l’exubérant producteur musical Harry en compagnie de sa fille au comportement étrange. Leur irruption intéressée dans cet éden moderne donne le signal d’un double chassé-croisé sentimental au dénouement fatal. Guadagnino prête à son film des accents de tragédie antique. Un serpent a investi le domaine, le mensonge lie les coupables dans le silence, et les habitants de cette paradisiaque Babel forteresse ne parlent pas la même langue. Et quand l’ouragan se déchaine sur l’île, il semble augurer l’imminence (différée) d’un châtiment divin. (YH)
A BIGGER SPLASH de Luca GUADAGNINOA BIGGER SPLASH
Luca GUADAGNINOVA1261Cinéma de fiction
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Collectif : Ad Vitam (2009)
Ce court métrage se propose de montrer la façon dont une personne anxieuse – et par surcroît amoureuse – perçoit un potentiel de létalité dans la moindre situation du quotidien qui implique celui qui partage sa vie. Systématiquement emporté dans des circonstances abracadabrantes, le défunt sera également suivi dans la tombe : la réouverture du cercueil traduit littéralement l’impossibilité de se résoudre à une séparation. Résultat d’un stage impliquant des adultes dits « en insertion », le film est une animation en papier découpé réalisée sous la supervision de Mathieu Labeye de l’atelier de production liégeois Caméra-etc. (SD)
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Michael Haneke : La Pianiste (2001)
Parce que Michael Haneke s’attache, dans La Pianiste comme dans l’ensemble de son œuvre, à raconter des histoires selon un principe de réalisme quasi documentaire — en débarrassant la fiction de toute illusion romantique — on peut dire que le film relève de la romance, non pas malgré la toxicité des amours qu’il dépeint, mais par cette toxicité même. Dans la passion maladive qui consume Erika, prisonnière d’un huis clos oppressant avec sa mère, comme dans la fureur qu’elle réveille chez Walter — séducteur piégé par son propre désir — se révèle une vérité tragique : l’amour est avant tout un jeu de pouvoir.
Par ses longs plans-séquence rigoureusement composés, Haneke laisse cette vérité se déployer dans le temps. Les espaces où les protagonistes s’affrontent — toilettes, vestiaires, chambre close — dessinent la cartographie d’une impasse psychique et sensuelle. La musique de Schubert, omniprésente, érige un idéal romantique que la réalité des corps vient sans cesse contredire : ce que le film donne à voir n’est pas la sublimation du désir, mais son échec. La Pianiste met à nu cette zone trouble où l’amour, dénué de tout vernis sentimental, se révèle comme le lieu d’une lutte morbide. Une vision dérangeante, à rebours des idéaux contemporains, mais d’une lucidité crue sur la violence inhérente au lien amoureux. (CDP)
LA PIANISTE de Michael HANEKELA PIANISTE
Michael HANEKEVP2673Cinéma de fiction
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Angela Schanelec : Le Bonheur de ma sœur (1995)
À Berlin, Isabel (interprétée par Schanelec elle-même) travaille les mots, elle est traductrice. Sa demi-sœur Ariane travaille la terre, elle est jardinière. Sans se cacher de l’une ni de l’autre, Christian, un photographe, entretient une relation avec chacune d’entre elle, jusqu’à ce qu’il décide de construire quelque chose de plus exclusif avec la première…
Le cinéma de cette ex-actrice de théâtre devenue réalisatrice se caractérise par une manière de raconter des histoires en pointillés, assumant les ellipses et laissant une grande liberté – en termes d’interprétation, de projection de sentiments – à son public. D’une grande force formelle (l’image, le grain de la pellicule, les cadrages, le travail sur les sons de la ville, etc.), Das Glück meine Schwester se révèle cependant un film beaucoup plus souple et organique qu’on ne l’imagine. Comme si, à chaque fois qu’on pense en avoir saisi une des règles, une séquence vient y apporter un contrepoint : le film est assez bavard (notamment dans l’incroyable scène de rupture de dix minutes) mais lardé de très belles séquences sans paroles ; le film est globalement filmé en plans fixes mais quelques beaux panoramiques ou travellings viennent casser cette rigueur. (PD) Film en allemand, sous-titré en anglais
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Philippe Lioret : 16 ans (2022)
Philippe Lioret souhaitait depuis longtemps réaliser une version contemporaine de Roméo et Juliette : "Shakespeare a écrit cette pièce au XVIe siècle, mais elle est tellement intemporelle qu’elle ne pouvait pas ne pas être transposable à notre époque et, du coup, prendre un nouvel éclairage." Pari réussi ! Les deux protagonistes du film étant issus de milieux sociaux différents (Nora vit dans le quartier HLM de la ville, Léo dans le quartier résidentiel), leur amour naissant va devoir surmonter de nombreuses difficultés sociales et culturelles, jusqu’à l’engrenage infernal et l’issue tragique. On retrouve ici les trois thèmes chers au réalisateur : le couple, la famille, le social. Filmé au plus près des corps, de l’expression des visages, dans des couleurs subtilement travaillées, le réalisateur emporte le spectateur dans un rythme parfois effréné, au cœur de sentiments universels, puissants, intimes. Les deux jeunes acteurs, Sabrina Levoye et Teïlo Azaïs, sont éclatants de justesse et de présence, ce qui rend cette relecture de Roméo et Juliette vivifiante. (MB)
16 ANS de Philippe LIORET16 ANS
Philippe LIORETVS2246Cinéma de fiction