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Philharmonie à la demande
Sélection du moment
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JAZZ À LA VILLETTE : ANTHONY JOSEPH
En mai dernier, Anthony Joseph était invité pour une rencontre dans le cadre du Week-end Caraïbes.
Mais quelques années auparavant, la Philharmonie l’accueillait pour un concert en lien avec la promotion de son huitième album : The Rich Are Only Defeated When Running for Their Lives.
Une nouvelle œuvre dans sa longue et riche carrière multidisciplinaire. Actif sur scène et sur plume depuis plus de 25 ans, troubadour des temps modernes, écrivain/poète/musicien, Anthony Joseph a toujours puisé son inspiration dans les traditions culturelles noires. Un héritage important dans son travail et dans ses influences (The Last Poets, Gil Scott-Heron, Fela Kuti), mais avec un regard et un lien plus prononcé sur les Caraïbes. La région de son enfance avec laquelle il crée des liens, son lieu de naissance via lequel il transmet un fertile héritage identitaire et spirituel. Une mixité entre passé et présent.
Cela se ressent dans ses créations musicales où il mélange les différents styles qui l’ont inspiré comme le calypso, l’afrobeat et le funk avec les musiques urbaines actuelles. Un exaltant moment enregistré le 10 septembre 2021. (StS)
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KERY JAMES : LE POÈTE NOIR ET SES INVITÉS
28 décembre 77 aux Abymes j’suis né, c’est par ces mots que Kery James débute son concert. Une introduction en forme d’acte de naissance et un texte qui décrit d’où il vient et ce qui a fait de lui l’artiste qu’il est aujourd’hui.
Né aux Abymes en Guadeloupe de parents haïtiens, il arrive en France à l’âge de 8 ans et sera élevé par sa mère en banlieue parisienne. Très tôt il commence à écrire, danser, rapper. Baigné de culture hip-hop, il forme un premier groupe, Ideal J, avec qui il sort un premier disque à 14 ans. Le parcours sera sinueux, mais tout au long du chemin, toujours, l’écriture. Chanson, théâtre, cinéma, il ne se met pas de barrières, mais fidèle à lui-même, l’essence reste son engagement et son amour des mots.
Une identité forte, mêlant poésie et militantisme que l’on retrouve tout au long du concert. Entre titres emblématiques (Banlieusards, Constat amer, Lettre à la République) et lectures (extraits d’un discours de Thomas Sankara par Stomy Bugsy et d’un discours d’Amal Bentounsi fondatrice du collectif Urgence notre police assassine par Imany).
Musicalement, la formule est sans artifices (claviers et percussions) et vise à mettre le texte en avant. Débutant de manière aérienne, le show monte en puissance et embarque le public dans un véritable concert de rap. En 30 ans de carrière, Kery James n’a rien perdu de sa légitimité ni de sa pertinence, servies pas l’intensité de son interprétation. (GB)
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Nommer, écouter et exposer : en finir avec les « musiques du monde » ?
En mai 2025 a eu lieu à la Philharmonie de Paris une journée de conférences et de réflexion sur le concept des « musiques du monde ». Le point de départ concernait les espaces repensés, présentant les collections d’instruments à la Cité de la Musique, de même qu’un renouvellement de la muséographie du Musée du Quai Branly qui permet enfin d’écouter des extraits musicaux en parallèle avec les objets exposés.
La seconde partie de la journée était consacrée au concept même de « musique du monde ». A-t-il toujours raison d’être aujourd’hui, alors qu’il avait été inventé dans les années 1980 par souci pratique, pour mieux aménager les collections de disques dans les magasins ? Il est également utile pour le milieu institutionnel qui décide des subsides. Par contre, des salles de spectacle comme la Philharmonie ont décidé de sortir du cadre et de parler plutôt de musiques actuelles, ou de genres spécifiques comme « kuduro » ou « zouk », idée soutenue depuis longtemps par les artistes eux-mêmes, représentés ici par Jocelyne Beroard de Zouk Machine.
Deux moments poétiques, l’un avec la peintre Sylvie Séma-Glissant, et l’autre avec l’écrivain Patrick Chamoiseau et le saxophoniste Raphaël Imbert, ont entamé et clos cette intéressante journée qui a permis de faire le point sur la question épineuse de la dénomination des « musiques du monde » et qui a ouvert de nouvelles pistes. (ASDS)
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Gustav Mahler, José Antonio Abreu – direction Gustavo Dudamel
Plusieurs anniversaires ont introduit l’année 2025 à la Philharmonie : les 10 ans de la salle, les 30 ans de la Cité de la Musique et les 100 ans de la naissance de Pierre Boulez. Une série d’événements ont salué cette foison de dates-souvenirs, dont deux soirées en janvier sous la direction de Gustavo Dudamel. Coïncidence, ce sont aussi les 50 ans d’El Sistema, le programme d’éducation pédagogique et social dont le chef vénézuélien a bénéficié et auquel appartient aussi l’Orchestre Symphonique Símon Bolívar qu’il dirige depuis l’âge de 18 ans.
Placée sous le signe du lien entre communautés humaines et nature, et de l’harmonie créée par la pratique musicale et la scène, la programmation du samedi comptait deux madrigaux pour chœurs a cappella, hymnes à la nature et au soleil, du fondateur d’El Sistema, José Antonio Abreu. S’est ensuivie la monumentale Troisième symphonie de Gustav Mahler, une œuvre en six mouvements dont chaque partie est un monde en soi, incrustée dans une architecture plus vaste, et qui rend hommage à toutes les formes vivantes, des plus élémentaires aux plus évoluées, de la nature vierge à celle des anges et à l’amour universel, pour embrasser la vie dans toutes ses déclinaisons. Rappelons-nous cette citation de Mahler, qu’illustre à merveille cette « Troisième » : « Une symphonie doit être comme le monde. Elle doit contenir tout. »
La salle était comble, ce 11 janvier, et c’est un public en liesse qui a acclamé l’orchestre et son chef, à l’heure des applaudissements. Une soirée d’une rare intensité ! (NR)